Annie et Philippe, saison 2 !

Samedi 11 juillet.
Un bon mois après leur premier séjour, Annie et Philippe Crochet reviennent passer quelques jours à Montrond pour de nouvelles séances photos dans notre sous-sol jurassien.
En fait, ils sont en transit en direction de la Belgique pour l’inauguration d’un livre de leur composition et concernant la célèbre grotte de Han.
Ayant fait étape à Lyon, je leur propose de faire un détour sur leur itinéraire pour aller à la Lésine du Miroir, vers Saint Claude.
Nous nous sommes donnés RDV sur une place du centre ville. Ayant envoyé un petit mail sur la liste du club, Alain Bulle s’est joint à nous.
Et nous voilà partis en direction de Chaumont puis de La Main Morte.
Je suis déjà venu 2 fois à cette Lésine, d’abord avec Franck puis avec Gérard et à chaque fois, ce fut le coup de foudre … et j’espère bien qu’ils tomberont eux aussi sous le charme !
Pour la petite histoire, c’est Alain Rouiller, du SC Saint Claudien qui repère l’entrée en 1976 lors d’une prospection et c’est en solitaire qu’il effectue une première visite pour tomber sur le fameux miroir.
Pour donner une idée du côté exceptionnel du phénomène, le premier explorateur a cru un instant découvrir les vestiges d’une civilisation extraterrestre !!
Après 2,6 km de marche d’approche, nous voici devant ce petit talweg descendant vers le cirque de Vaucluse. La petite entrée se trouve au pied d’un escarpement rocheux.
Annie, Philippe et Alain sont conquis de suite. Ils n’ont jamais vu « un truc » pareil. D’ après Philippe, un tel phénomène doit trouver naturellement sa place dans des livres de géologie. Vers le fond, le mur est de plus en plus lisse et ressemble à du marbre poli.
Philippe remarque de suite que le frottement s’effectue de façon horizontal et en direction de l’entrée. Pour les géologues, ces stries confirment que nous sommes bien devant une faille et non en présence de strates verticales … et c’est ce que Philippe voudra mettre en avant sur les images.
La paroi est humide et il nous faudra échelonner les sources lumineuses tout en les dosant de façon judicieuse pour éviter de tout cramer.
Alain et moi-même nous nous improvisons assistants éclairagistes.
On passera plus de 3 heures au pied de ce mur pour le magnifier au mieux.
Après cette séance contemplative, 2 bonnes heures de routes nous attendent pour rejoindre Montrond, en déposant Alain à Deservillers.
Dimanche 12 juillet, Annie et Philippe retournent seuls à la perte de la Vieille Folle où nous étions déjà allés avec Gérard la dernière fois. Cette fois–ci, le débit est nul ; Du coup, les cupules ressortent encore mieux.
Le soir, ils me racontent qu’ils se sont à nouveau régalés.
A deux, le temps pour tout caler est un peu plus long et ils n’iront pas plus loin que le bassin profond … donc ils comptent bien revenir une troisième fois en commençant par le bénitier !.

 

Philippe n’ayant pas apporté sa néo, le froid commençait à se faire sentir en fin de journée, et de toute façon, les accus commençaient à faiblir.
Petite mésaventure qui aurait pu se finir aux urgences, un flash posé « en douche » en équilibre instable dégringole sur le nez d’Annie. Heureusement, pas de fracture et Annie s’en sort avec quelques saignements !

 

Lundi 13 juillet, Nous nous rendons tous les trois au Trou du Pic, vers L’Isle/Doubs. J’ai pris contact au préalable avec Jean Luc Kammerer qui se rend disponible pour nous accompagner.
Quand Annie et Philippe reviendront de Belgique, le 4×4 sera chargé de 500 livres et c’est pour cette raison que Philippe n’a pas pris de néo …. pas de problèmes, celle de Benoît fera l’affaire !
Jean Luc est sans nul doute l’interlocuteur idéal pour nous servir de guide.
Il nous avait déjà accompagné fin janvier de cette année avec Christophe Berna, Gérard Jaworski et Claude Paris du GSAM : https://speleo-gcpm.fr/le-trou-de-jean-luc/ . De plus, Jean Luc est photographe lui-même donc il y a de bonnes chances pour qu’il ait la patience nécessaire.
Nous arrivons sur place un peu avant 9h00 : Notre accompagnateur est déjà en tenue spéléo et nous le surprenons entrain de faire sa sieste matinale !
La cavité est photogénique à souhait de bout en bout mais ce qui fait le clou du spectacle est sans doute cette rivière où l’on peut progresser en kayak ! Ce sera « la photo » phare de cette sortie pour laquelle on consacrera le plus de temps.
Avant d’y arriver, les superbes chailles  plafonnantes attireront notre attention ainsi que les magnifiques profils des conduits semi fossiles.
Philippe se sent un peu oppressé et présente des maux de tête. On ne saura pas de façon certaine si c’est sa néo qui le comprime où s’il y a du CO2 dans la cavité mais cela ne nous empêchera pas de poursuivre notre visite.
A la mi-journée, nous arrivons au carrefour proche des bateaux.
Le spot de navigation souterraine est à peine 100 mètres plus loin que l’embarcadère et nous n’irons pas au-delà.
Philippe gravit le talus terreux situé en rive droite. Le point de vue domine de façon idéale une belle perspective sur la rivière.
L’idée est de mettre en scène deux kayaks avec la pendeloque au premier plan. Mission accomplie au bout d’une bonne heure de réglages.
Après un casse croûte bienvenu, Philippe tente une nouvelle compo plus rapprochée avec Annie dans le bateau ; Un poisson d’une quinzaine de centimètre attiré par nos lumières viendra nous tenir compagnie pendant le temps de la séance.

 

Au retour, d’autres clichés viendront compléter notre moisson avec des angles de vue différents. Après une photo souvenir, nous voilà de nouveau dehors 6 bonnes heures après y être entrés. Etre accompagnés par Jean Luc est toujours un vrai régal et nous le quittons enchantés par son sens de l’accueil.
Pour cette veille de 14 juillet, le GCPM a organisé une soirée barbecue au gîte de Montrond. Une projection sur l’historique du Rochanon viendra agrémenter notre repas. C’est donc en compagnie des membres de mon club que nous terminons cette magnifique journée.

Mardi 14 juillet, l’objectif premier de cette journée se situe dans la zone d’entrée du gouffre bien connu des Biefs Boussets.

Si le séjour d’Annie et Philippe avait commencé avec la rectitude géométrique de la Lésine du miroir, ici, c’est tout le contraire : A quelques dizaines de mètres de l’entrée, une magnifique charnière synclinale s’enroule sur elle-même.
Au parking, il y a du monde : Alex et Jean-Lou accompagnent des jeunes du Sentier Karstique jusqu’à la salle de la décantation. Jean-Lou part devant et nous équipe les premières verticales (Merci !).
La zone d’entrée est également très jolie avec son arche rocheuse mais nous nous y intéresserons au retour.
C’est un vrai challenge de montrer cette charnière en image. Il n’y a pas beaucoup de recul. Il ne faut pas donner l’impression que la distorsion vient de l’objectif… je suis bien curieux de voir comment il va s’y prendre !

Au final, Philippe choisit des compos qu’il qualifie d’illustratives ! La lumière vient tout simplement à 45° de l’appareil. On ajoute juste un flash en douche au-dessus d’Annie.
La philosophie de leurs images réside dans le fait que lorsqu’on a un vrai sujet intéressant, il n’est pas nécessaire d’avoir des contre-jours très marqués mais qu’ils soient là juste pour mettre en relief les matières.


Les éclairages venant d’en face, même s’ils donnent de la pêche à l’image, ont l’inconvénient de détruire les couleurs naturelles.
Au final, le résultat est juste parfait. On reconnaît bien la particularité du phénomène. Le rendu est on ne peut plus crédible. Du beau travail : Bravo Philippe !

De retour vers la zone d’entrée, nous ressortons le matériel une nouvelle fois à la base du puits. La gestion de la lumière est complexe. Philippe sort alors le trépied et opte pour la solution de clichés assemblés en sandwichs, ce qui sous-entend un second travail en post traitement.

Ultime sortie photo de leur séjour, Philippe souhaite aller expérimenter quelques photos nocturnes à la source de la Loue. Le ciel est clair, les étoiles devraient être au RDV.
Arrivés sur site, on constate que le grand angle suffit à avoir l’ensemble de l’amphithéâtre avec en prime, un peu de ciel au-dessus.
Je reste scotché par la puissance du gros godox qui arrose toute la falaise sans problème.
Les vitesses de prise de vue avoisinent les 20 secondes avec plusieurs éclairs répétés. Pour avoir un vrai ciel étoilé, Philippe m’explique qu’il faudrait pousser les poses à une quinzaine de minutes.
Nous passons toute cette première partie de nuit à faire des essais.
De nombreux moustiques apparaissent sur les images et l’on doit déporter les éclairages pour réduire leur impact sur les photos.
Même si le débit est à l’étiage, les talkies auraient rendu les communications plus confortables. Davantage de petits flashs Yongnuo auraient été également utiles pour éclairer quelques petites zones.

Au final, j’ai cru comprendre que Philippe avait l’intention d’y revenir !

Une fois de plus, le temps aura passé trop vite mais quel plaisir d’être en compagnie si agréable !
J’aurai également appris quelques autres subtilités de leur approche photo.
Nous sommes loin d’avoir éclusé tous les spots photogéniques de nos chères montagnes jurassiennes. Ainsi j’espère bien que nous aurons encore l’occasion de nous rencontrer dans un avenir proche.

A la revoillotte donc !

Voici le lien du site de Philippe Crochet :  https://www.philippe-crochet.com/nouveautes/details/360/speleo-dans-le-doubs-juillet-2020

Une sélection de photos   ICI

Guy

Reconnaissance à la Châtelaine

Ca fait bien longtemps que sur le site de JC Frachon, j’avais repéré la description de cette rivière souterraine près de Champagnole.
http://juraspeleo.ffspeleo.fr/grottes/topoguide/fiches/chatelaine.htm

Et puis dernièrement, sur le site du CDS 39, je retrouve le même texte avec cette fois-ci une topo et surtout de belles photos
https://cds39.fr/jurasout/speleo_jura.htm

C’est sûr, la cavité est plutôt hors secteur pour nous et du coup, je ne connais personne qui y soit allé.
La grotte est présentée comme cavité d’initiation, il faut juste faire gaffe à la météo car ça peut s’ennoyer complètement sur les 250 premiers mètres, parait-il !
Sur internet, je tombe également sur un CR sympa narrant la visite :
https://spelehautjura.com/speleo/250-grotte-de-la-chatelaine-ney

Par chance, ce samedi 25/07, la météo est justement nickel et les débits sont bas. Je sais que Daniel est également intéressé et il est libre. Franck est en vacances, nous irons donc à deux.
La marche d’approche est courte puisqu’on voit l’entrée depuis la route ; par contre, elle est raide car on gravit un torrent à sec sur une cinquantaine de mètres.
Devant l’entrée, on s’interroge devant l’étroitesse de la faille.
La solution est 2 mètres plus haut : par une escalade facile, on passe par au-dessus et on redescend l’autre côté. Au bout de quelques mètres, on est déjà dans l’eau et on ne la quitte plus jusqu’au siphon. Les moustiques viennent chercher la fraîcheur et on en aperçoit par centaines bien loin dans la cavité.
Il est vrai que les niveaux d’eau sont bien bas en ce moment. Du coup, on n’a pour ainsi dire jamais nagé (même Daniel qui n’est pas très grand n’aura entamé la moindre brasse !) mais la néo complète est bienvenue car on est parfois dans l’eau en position accroupie.
L’itinéraire est ultra-simple : il suffit de suivre le ruisseau. A 230 mètres de l’entrée, on laisse sur la droite une galerie semi-fossile. (On retrouvera son extrémité amont un peu plus loin.)
Ce qui est très plaisant, c’est la limpidité de l’eau et on soulève assez peu de sédiments sur notre passage ; les parois sont de couleurs très contrastées avec parfois des teintes rougeâtres (argiles?) qui tranchent bien avec le lit de la rivière parsemés de gours.
La progression n’est pas du tout monotone. Les virages sont permanents et on a toujours la surprise de découvrir ce qu’il y a après.
Les cupules sont nombreuses sur une grande partie du parcours.
Après 400 mètres de progression, on arrive devant un dôme stalagmitique qui ressemble à une méduse et qu’il faut gravir. Le gabarit de la galerie se réduit au-delà mais on ne coince jamais. Parfois, il faut se lancer les pieds les premiers devant des bassins supposés profonds, et ce, pour éviter de se retrouver le bec dans l’eau !

Entre 100 et 150 mètres plus loin, on arrive à un carrefour. Sur la droite débute la galerie fossile citée plus haut et qui rejoint l’actif vers l’entrée. Nous n’y sommes pas allés, préférant nous concentrer sur la destination siphon qui continue en face. Le calibre de la galerie devient alors bien plus confortable et l’on repère de nombreux spots photos.
Au bout de 200 mètres environ, on bute sur un siphon d’eau claire qui semble spacieux. Il est long de 22 mètres. D’après les historiques d’explo trouvés, un conduit exigu situé peu avant ce siphon communique « à la voix » avec l’amont du tronçon noyé.
A noter également qu’à l’extrême amont de la cavité, une géo localisation effectuée dans le gouffre de la Côte a permis de confirmer la proximité avec la rivière mais la jonction physique n’existe pas encore.
Après un petit café, nous entamons notre séance photo sur le chemin du retour. En aval de la méduse, on ressortira le matos une seconde fois car j’ai repéré un profil de galerie très photogénique avec un double surcreusement.

On aura passé entre 5 et 6 heures dans cette rivière en prenant le temps de faire quelques images. Daniel et moi en sortons enchantés.

Comme on était tous les deux en reconnaissance, on a choisit les volumes les plus conforts pour sortir le matos car l’éclairage est plus facile à gérer. Il y a plein de passages de section plus réduites (qu’on laisse habituellement de côté en photo) qui mériteraient d’être mis en image car tous les ingrédients sont là pour faire une belle image (profil du conduit – eau limpide – gours – couleurs de roche.)
C’est avec plaisir que j’y emmènerai ceux du club qui souhaitent la découvrir.

Les meilleurs images de cette sortie   ICI

Traversée de Gomèse : visite au nouveau propriétaire

Sur notre blog, nous recevons dernièrement un message de Benoit Mulun, un des nouveaux propriétaires de la forêt dominant la grotte de Gomez, vers Arbois.
Ils souhaiteraient visiter leur sous-sol et font appel à notre club.


… Et ce sont Quentin DOMONT et Paul GODIN (stagiaires au Sentier Karstique) qui nous racontent tout ça :

Guy Decreuse nous a donné RDV au gîte avec Benoît à 13h00 pour préparer l’équipement.
Une sortie spéléo est prévue avec une douzaine de personnes dont le proprio accompagné de ses 3 garçons et de son épouse.
Cette grotte a été découverte dans les années 50 suite à l’exploitation de la carrière.

 

 

Après l’incroyable travail des ouvriers, ils arrêteront l’exploitation pour préserver cette grotte.
En nous voilà 70 ans près avec quelques degrés en plus pour explorer la grotte de Gomez !

Arrivés à la lisière d’une jolie forêt jurassienne, nous garons la voiture pour y vider le coffre rempli de matériel spéléo.

Pendant ce temps là, Benoît et Guy sont partis installer une échelle au gouffre de sortie.
Nous prenons le temps de présenter les différents équipements à la famille Mulun pour que tout le monde trouve son bonheur.

 

 

Et c’est parti pour 10 mn de marche en file indienne pour accéder à la cavité.
Sur notre gauche, nous apercevons une chatière et à notre droite une cavité moins étroite somme si la cavité était coupée en deux. Nous commençons par celle-ci qui est plus accessible.

Sur environ 3 mètres, un passage bas mène à une petite salle de 3 mètres sous plafond puis un autre passage bas s’offre à nous sur 5 mètres.La suite de la cavité est simple avec une hauteur sous plafond constante d’environ 3 mètres. Nous passons à côté d’un siphon puis arrivés au fond de la cavité, un petit passage se fit remarquer.

 

Nous n’avons malheureusement pas pu y accéder à cause du niveau d’eau trop élevé. Sur le chemin du retour, nous avons remarqué des éléments ferrugineux dans la roche. Ils étaient semblables à du machefer et particulièrement lourd ce qui confirma la présence de fer dans les parois.

Une fois sortis de la première cavité, nous entrons dans celle de gauche. Dès le début, une chatière extrêmement étroite s’offre à nous et après quelques mètres en rampant, la rivière se fait découvrir.
De l’eau jusqu’aux genoux, nous avançons dans la glaise au milieu de la rivière sur environ 300 mètres. La hauteur sous plafond varie de 4 à 5 mètres.

La rivière serpente avec un concrétionnent peu fréquent appelé « tétine » que nous avons pu remarqué sur les parois. Ce sont des boules blanches creuses et faites de calcaire.
Arrivés à un siphon, une galerie sèche part sur la droite et rejoint la base du puits que Benoît et Guy ont équipé en arrivant.

3 personnes dont Benoît ressortent dehors par l’échelle et le reste du groupe fait demi tour.

Arrivés au parking, La famille Mulun nous a préparé une collation.

Tout le monde a l’air ravi de cette visite spéléo.

 

En bonus, voici le lien de la vidéo que  Pascal Lamidey a concocté pour nous : 

« Mémoires d’esclaves volontaires »

« Mémoires d’esclaves volontaires »

Le 4 juillet 2020, une séance de désobstruction a été programmée au Gouffre sous les Crêtes à Déservillers.

L’invitation lancée sur la liste du club a mobilisé 6 personnes dont Christophe Berna, Didier Doury, Sarah Bouveret, Thomas Richer, Dominique Watala et Alain Bulle. Sans oublier Christophe Raguin qui avait, la semaine avant, si bien préparé le chantier afin de faciliter le passage au haut du dernier puits.

C’est donc par une belle journée ensoleillée de début juillet que s’est déroulée cette matinée de travail dans le respect des gestes barrières. Dom, en raison de son diabète est resté le plus éloigné en surface. Sarah et Thomas, les petits nouveaux du club, ont souhaité découvrir cette activité particulière qu’Alain a présenté comme « un bagne des temps modernes ». Sarah s’est prêtée au jeu du compte-rendu suivant.

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La France, un jour d’avril 1848, a décrété l’abolition de l’esclavage. Le samedi 4 juillet 2020 celui-ci, si longtemps oublié, a été remis au jour. Je vous conte son récit. 

En tant que novices du club nous nous prêtons volontiers à toutes les expériences que propose le club.

C’est donc heureux, que Thomas Richer et moi-même, débarquons comme convenu sur le parking des Biefs à 9h30 pour notre première désobstruction. Un peu perdu au milieu des champs, la vision de petits bonhommes rouges s’agitant dans la brousse nous mis la puce à l’oreille.

Nous faisons connaissance d’Alain, Dom, Didier et de Christophe B. autour d’un café et d’un croissant fort appréciable. « Je pense que la notion de nourrir les esclaves est nécessaire afin de tenir le coup ».

L’heure est venue de se mettre au boulot ! Didier, guidé par son instinct insatiable de creuser, s’engage dans le gouffre. Après quelques explications, Alain descend pour nous accueillir. Tout le monde est à sa place et solidement assuré pour éviter un malencontreux effet de domino. Le schéma est le suivant : 1- Didier : tout au fond. 2- Christophe B : en milieu du dernier puits. 3- Alain : en tête de ce puits. 4- Thomas : au ressaut intermédiaire. 5- Sarah : au ressaut supérieur pour crocher les sceaux au treuil. 6- Dom : aux commandes du treuil pour étendre le demi m3 qui sera retiré.

« Bienvenue à la Peuge ! »

Les seaux arrivent rapidement à la chaîne, le système fonctionne. Les deux récipients du treuil tournent à plein régime et au bout d’une heure l’inévitable panne de chauffe survient. Une petite accumulation des gravats au bas de l’échelle s’en suit pour éviter une perte de temps. Une fois le treuil changé et après quelques remaniements des troupes, le travail repris de plus belle. Après celle du treuil, la surchauffe nous guette ! C’est d’abord les muscles, mais surtout les poumons, qui se croient en ascension au beau milieu des alpages.

Tel un écho se répétant au gré des ressauts, nous demandons régulièrement à la taupe du fond combien de seaux avant la fin. « 15 » nous dit-il, le nez dans la terre. 30 minutes plus tard, l’écho était le même ! 45 aurait été le chiffre le plus juste. Mais « 3 X15 » passe mieux pour le moral des troupes. 

C’est après 2h30 d’un effort acharné, que les 6 bagnards de l’an 2020 reviennent respectivement de l’ombre à la lumière. Les poumons revivent, les muscles se relâchent et les participants bien méritants festoient autour d’un barbecue que le neveu d’Alain dit « le jeune domestique » avait en charge de préparer. « Jusqu’à lors inexploité, mon talent de décapsuleuse de bières fût révélé au monde. Christophe nous quitte après l’apéritif, place à un long repas et de bonnes tranches de rigolades, le ton est donné… après-midi, détente. Plus tard, nous avons admiré l’entrée de la Baume des Crêtes avec son magnifique pendage : « du bonheur en plaques ! ».

De retour au camp, Didier nous quitte. Thomas et moi descendons avec Alain au fin fond de la taupinière pour une visite guidée. Du beau boulot ! Et nous sommes bien heureux d’y avoir participé. A notre surprise, car déjà visible en surface, Alain nous montre la coulée concretionnée qu’ils ont suivi jusqu’au fond, ce qui laisse rêveur… La Terre et ses sous-sols n’ont pas fini de nous surprendre, et nous, de les admirer. 

Malgré les vieilles douleurs réveillées du lendemain et grâce à notre douce folie, nous reviendrons !

Sarah

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– La prochaine séance est programmée au samedi 25 juillet à 9h30. Le but sera d’évacuer le reste des petits blocs qui seront cassés au marteau-piqueur. Nous espérons retrouver le courant d’air qui sera à mesurer pour la première fois avec l’appareil de Christophe.

Formation sur corde (13 juillet 2020)

Sarah et Thomas (stagiaires stressés) Jean-lou (gentil animateurs)

On se retrouve au refuge et après équipement de mes deux apprentis, direction la grange pour le début des hostilités.
Progression, fractionnement, conversion, clés, tout y passe.
Très concentrés et studieux, les débutants se débrouillent mieux que bien.
A midi, petite pause casse croûte au soleil puis direction grande doline au sentier karstique de Merey sous Montrond.
J’équipe une voie pas trop compliquée pour commencer avec quelques vires et fratios.

 

Sarah s’y colle en premier stressée par la hauteur et le vide, mais ça se passe plutôt bien. Je remonte pour prendre en charge Thomas qui à son tour attaque la descente.
Il n’est pas sujet au vertige, et sa descente et sans histoire.
Puis la remontée pour Sarah pas de problème hormis l’ouverture du croll qui est toujours le point difficile pour les débutants.
Puis Thomas remonte à son tour, il est autonome et j’ai juste à jeter un œil en le laissant gérer sa progression.


Retour au refuge pour réintégrer le matériel et c’est la fin d’une bonne journée bien remplie, prochaine étage mise en application sous terre de tout ce savoir chèrement acquis.

Une sélection de photos  ICI

Jean-lou

Mise en sécurité du site de Rochanon – Bolandoz

Rochanon
Un chantier de désobstruction hors normes (au moins 2000m²  de déblais ressortis, des milliers d’heures de travail, des moyens matériels impressionnants et aussi quelques cochons à la broche…)

Démarré en 1995, le chantier s’est arrêté en 2010.
Pour les besoins d’évacuation des déblais, 1 passerelle avait été construite sur le puits de 34m.
Et en 15 ans, la passerelle aura été renforcée, remplacée, améliorée à plusieurs reprises.

A la fin des travaux, l’accès à la passerelle a été sécurité par des barrières et panneaux de restriction, mais au fil du temps, les randonneurs et autre curieux finissaient toujours par venir jeter un œil sur ce trou insolite dans les bois au bord d’un ruisseau.

Le plancher de la passerelle n’est pas éternel, et il fallait programmer une date pour démonter / sécuriser l’accès au puits.

Agnès, Jacky, Didier et Thomas

Le démontage de la plateforme était initialement programmé pour le 27 juin mais cette date a été réaffectée pour des besoins d’exploration urgents…
Le démontage se réalisera donc le 24 Juin 2020

On se retrouve  mercredi 24 au matin à l’orée du bois des Millières pour répartir le matos dans les sacs et c’est parti pour le gouffre du Rochanon.
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Jacky est déjà venu pour démonter la vieille barrière, équiper une main-courante et prendre des mesures.

À peine arrivé, Didier enfile son baudrier et sort la scie sabre : les hostilités peuvent commencer !
Pendant ce temps, nous déballons les affaires et finissons le démontage de la vieille barrière.

Pendant que Jacky et Agnès installent les amarrages de la nouvelle barrière, on s’occupe d’évacuer les planches découpées. Étonnement le bois n’est pas moisi, il est certes complètement trempé mais après + de 10 ans il a bien vieilli pour du sapin.

De son côté, Didier avance bien (enfin pour le coup, il recule) la difficulté, c’est d’esquiver la ferraille.Sinon si ça touche, ça fait pas un beau bruit…

Ensuite Jacky joue au mécano. Il emboîte les tubes, mesure les tubes, déboite les tubes, coupe les tubes, emboîte les tubes, mesure les tubes…. c’est bon !

On installe le grillage, on remet le petit panneau « danger » et on remballe.

Il reste une petite  partie de grillage à poser, Jacky reviendra pour finaliser tout ça !

Sortie La Chenau le 26/06/2020

Damien Thomas Jean-lou
Rendez-vous au refuge à 9h30, Damien propose le Moulin des Isles, Thomas ne propose rien à part qu’il doit être de retour pour midi, et moi je propose La Chenau 1, vu que je n’ai pas pris de néoprène pour aller batifoler dans de l’eau glacée.

Nous avons fait un rééquipement conséquent dans ce réseau mais il nous reste quelques spits à planter pour finaliser le travail.
En profiter aussi pour vérifier les longueurs de cordes à utiliser en vue de faire une fiche d’équipement fiable.
En arrivant au bord du gouffre une bestiole bien planquée dans les buissons dans notre dos, démarre en faisant un barouf du diable. On n’a pas vu ce que c’était mais c’était du gros.
Damien à l’équipement.
Sur la vire d’accès au P 40 ou 45 m de profondeur, je vois Thomas caresser un amarrage, avec des yeux tout rêveurs Je sais qu’il adore la spéléo, il ne me ferait pas un fantasme sur du matériel des fois ? Que nenni ! il est tout simplement nostalgique et fier de lui car c’est le premier spit qu’il a planté de sa carrière de spéléo.je me souviens de lui avoir proposé à l époque de mettre une plaque commémorative. Il m’avait regardé en se demandant si c’était du lard ou du cochon.
Quand nous sommes les trois sur la vire, Damien commence à descendre, c’est la seule façon de se sécuriser car le début du grand puits parpine beaucoup.
Arrivés à la base, Thomas nous quitte pour remonter pour être à peu près à l’heure de son rendez-vous.
Nous continuons donc à deux, c’est vraiment un très beau réseau, les puits s’enchaînement et nous descendons rapidement jusqu’à l’endroit où nous nous étions arrêtés de ré-équiper.
Les 2 puits suivants sont un peu plus compliqués à gérer, Damien se débrouille très bien avec le peu de spits en place.
(Nous reviendrons finir le travail 5 ou 6 spits à rajouter pour faire un équipement confort et sécurisé) le gouffre se termine sur un méandre assez étroit parcouru par un ruisselet.
Je déséquipe, Damien m’attend sur la vire du grand puits pour sécuriser la sortie, puis il prend le relais et déséquipe le puits d’entrée.
Damien est enchanté car il ne connaissait pas la partie inférieure du réseau et il confirme que c’est la plus belle partie du gouffre de La Chenau.

Toutes les photos     ICI


Jean-lou

P.S : Guy il faut venir y faire des photos

Une semaine avec Philippe Crochet et Annie Guiraud

Ce n’est pas fréquent que les spéléos du Sud de la France « remontent » du côté de chez nous.
Une catégorie fait pourtant figure d’exception en ce moment : celle spécialisée dans la photographie souterraine.

A plusieurs reprises déjà, Serge Caillault et Jean-Philippe Grandcolas sont venus poser leur matériel dans nos cavités et ils comptent bien revenir.

La semaine dernière, ce sont 2 autres pointures en la matière qui n’hésitent pas à venir depuis Montpellier : Philippe Crochet et son épouse Annie Guiraud.


Habitués à bourlinguer autour de la planète, c’est le Covid qui a chamboulé leur programme international … et voilà comment ils se sont retrouvés chez nous !
Comme pour les expéditions à l’étranger, la manière de procéder est la même : ils contactent les spéléos locaux au préalable pour qu’ils soient partie prenante de leur projet …. ce qui a le gros avantage de nous faire partager leur passion.

Lundi 08/06, après 5h30 de voyage ils arrivent au gîte de Montrond. Benoit, Christine et moi-même sommes là pour les accueillir.

Ca fait bizarre de les voir « en vrai » : Pendant près de 40 ans, on a vu la petite silhouette rouge d’Annie poser de façon incontournable sur les images de Philippe et là, on se rend compte qu’elle bouge !!
La soirée se passe devant un bon repas qu’ils ont apporté et les discussions nous transporteront de pays en pays pour notre plus grand plaisir.
Philippe m’avait proposé l’idée de diaporamas à visionner à la salle des fêtes du village où au gîte. Hélas, les lieux accueillant du public ne peuvent rassembler plus de 10 personnes. Il émet alors l’idée d’une formation à la technique photo-spéléo en comité plus restreint.

 

L’idée est retenue, d’autant plus que Romain propose la possibilité d’y participer en visio conférence pour ceux qui ne peuvent se déplacer.

Mardi 09/06.
RDV est pris avec Romain devant l’église de Mouthier-Hautepierre.
Comme nos sudistes sont ponctuels, nous avons le temps sur notre chemin de faire un petit détour par le puits de la Brème, l’inversac de notre massif jurassien ! Il est en mode perte puisqu’une partie du ruisseau de la Brème vient s’y jeter.
A la demande de Philippe, je lui ai concocté une liste de cavités et sites karstiques à la fois esthétiques et faciles d’accès.
Sur la bonne trentaine de spots proposés, 3 grottes proches du village de Mouthier sont en première ligne.

Chargés comme des mulets, nous voilà partis tous les quatre au fameux porche de la Baume Archée. L’an dernier, j’avais posé une main-courante au niveau de la forte descente précédent l’arrivée à la grotte du Tuyau de poêle … celle-ci a disparu : des imbéciles l’ont volé en laissant les sangles aux arbres…et ce qui devait arriver arriva : Annie dévisse sur la roche glissante, entraînée par son gros sac et c’est un arbre qui la stoppe net une bonne dizaine de mètres plus loin. Heureusement, il n’y a rien de cassé; Annie s’en sortira avec quelques gros hématomes.
C’est donc un peu refroidis que nous nous présentons devant cette majestueuse entrée. Le seul petit + aurait été que le ruisseau soit en charge mais qu’importe.
On a de la matière ici, question photos. Nous faisons d’abord du repérage visuel pour flairer le bon angle en imaginant une mise en scène photogénique.
On se rend compte rapidement qu’Annie n’est pas que modèle sur les clichés, c’est aussi une éclairagiste avertie. Même si c’est Philippe qui, depuis son écran, suggère les modifications à apporter pour peaufiner la composition, la complicité est totale et la concentration est intense. Romain et moi n’en ratons pas une bouchée; C’est parfois d’un œil amusé que l’on constate qu’on a les mêmes petits points de détails à régler pour rendre la vision du résultat plus limpide.
Tous les photographes spéléos s’accordent à dire que la présence d’un modèle est nécessaire pour les photos souterraines car l’œil peine à se faire une idée des volumes.
Du coup, puisque cette échelle s’impose, faisons en sorte qu’elle ne se mette pas en avant au détriment du paysage mais qu’elle invite plutôt à la contemplation. Ce n’est pas un hasard si, dans cet esprit, les modèles féminins passent mieux.
De plus, il y a un fort paradoxe entre la beauté fragile des traits féminins
et l’ambiance parfois austère, voire inhospitalière des lieux, ce qui ajoute à l’aspect percutant du cliché.
La philosophie des images de Philippe et Annie peut se résumer en une phrase très simple: « Regardez comme c’est beau » et c’est aussi ça qui fait le charme de leurs images.
Le temps passe vite, il est 13h30 quand nous ressortons de la cavité pour rejoindre le vieux pont de Mouthier.
L’après-midi, nous rejoignons l‘autre rive pour un autre décor karstique de choix : la source du Pontet et la grotte des Faux Monayeurs.

 

Romain ne connaît pas non plus et il est également séduit par le site.
Suite à ma liste de propositions , Philippe et Annie ne m’ont pas fait de choix sélectif et préfèrent me faire confiance. Du coup, ce sont mes coups de cœurs qui seront privilégiés … dans l’espoir qu’ils reviennent une seconde fois dans la région !.
Au Pontet, avec le vacarme de la cascade, ça se complique ! Les talkies ne fonctionnent pas bien et on se débrouille comme on peut en criant ou en faisant de grands gestes. On corse la difficulté en plaçant un modèle descendant la cascade : ça rend plutôt bien.
On fini notre journée photos dans la zone d’entrée des Faux Monayeurs où là, on peut enfin communiquer normalement.
En fin d’après-midi, Romain qui a posé sa journée de congé, poussera encore jusqu’à la source de la Loue. Nous rentrons chacun de notre côté, avec déjà, des images plein la tête.
Au retour, j’irai montrer la grande Doline du Sentier Karstique à Philippe car j’ai une petite idée surprise derrière la tête !. Les contusions d’Annie se réveillent et elle préfèrera rester dans la voiture en nous attendant.


Mercredi 10/06 : Deuxième site incontournable pour des photos qui envoient : le Gouffre des Ravières, vers Orchamps-Vennes. La cavité a tout pour plaire avec en prime, une accessibilité pour le moins insolite : une voûte de cave venant couvrir le puits d’entrée. Nous passerons une bonne partie de la journée sous terre à nous appliquer.
Avant de s’attaquer au spot principal de la salle d’entrée, c’est le triton alpestre qui attirera notre attention à l’occasion d’une petite séance macro.
La vue d’ensemble de la salle nécessite beaucoup de réglages pour avoir une compo soignée. Une grosse partie du matériel est sortit : Godox Wistro AD600 + le AD360 + le AD200 + 5 Flashs Yongnuo 560 III.
Pendant le casse-croûte de midi, le cône d’éboulis devient plus lumineux avec la rotation de la lumière du jour.

Cela donne une idée à Philippe : conserver cet éclairage du jour en mettant en lumière la voûte juste ce qu’il faut de façon à donner l’illusion qu’Annie est éclairée naturellement : Ce sera probablement la photo la plus inattendue de cette semaine et la réussite est au RDV. Nous passons ensuite à l’autre salle qui est encore plus grande. Annie posera sur un gros bloc pas trop loin de Philippe et j’irai tout au fond pour apporter la perspective. Dans les gros volumes, c’est souvent le modèle lui-même qui devient le sujet en donnant le gabarit. Derrière moi, il y a une grande bande de marne bleutée contre la paroi et Philippe a la bonne idée de suggérer que cela devienne le sujet principal. Annie et moi regarderons dans sa direction pour orienter le point focal . C’est la 4 ième fois que je viens dans cette cavité pour une séance photo et à chaque fois avec des photographes différents (Serge, Gérard, Romain, Franck, Philippe, Claude) et c’est très instructif de les regarder faire pour aiguiser sa propre approche du sujet.
Au retour, nous faisons un petit détour pour faire une reconnaissance au beau porche de Plaisir Fontaine.
Jeudi 11/06 : Gérard arrivé la veille au soir, sera des nôtres pour cette journée : Nous irons à la Perte de la Vieille Folle et comme la météo est plutôt orageuse, nous nous contenterons de la zone d’entrée. Le débit est nickel, juste ce qu’il faut pour agrémenter les images avec une ambiance aquatique.

L’entrée de style gothique attire de suite notre attention et nous y passerons toute la matinée. Même si nos deux hôtes ont sillonné la terre entière, ils apprécient cette atmosphère « Bornéo » apportée par l’exubérance de la végétation, révélée avec la météo humide actuelle. Trois angles de vue sont privilégiés : l’entrée elle-même dans les 2 sens et la vue globale depuis l’accès à la seconde entrée. Gérard photographie le photographe ainsi qu’Annie en utilisant les déclencheurs de Philippe. La construction de l’image se fait par étape.

Le sujet principal est défini et on installe la source lumineuse dominante en fonction de celui-ci. Les éclairages secondaires viennent se greffer par la suite. Le but est que l’image soit limpide : il faut que celui qui regarde le cliché, voit en un clin d’œil où le photographe veut en venir. Philippe n’hésite pas à arroser les parois de l’entrée avec l’eau du ruisseau pour donner davantage de pêche à l’image.
On atteint là un niveau d’exigence sans pareil et c’est une chance pour Gérard et moi de voir comment les photos d’exception se construisent.
L’après-midi, après une photo de groupe (qu’on peaufinera quand même pendant une dizaine de minutes !) …nous entrons enfin sous terre. On s’arrêtera au premier virage et nous n’irons pas plus loin. On arrive à se parler sans gueuler, ce qui est appréciable. Les cupules sont superbes et ce sera le sujet que l’on fera ressortir. Pour adoucir et homogénéiser les effets de contre-jour,

Philippe place des petits flashs en hauteur qui viennent éclairer perpendiculairement pour que le rendu soit moins directif. Pour ce genre de photos en milieu aquatique, l’angle de vue au raz de l’eau est privilégié car il permet d’éviter les zones cramées qui reflètent sur l’eau. La possibilité d’obtenir un reflet est également plus grande.

Tenant un flash en hauteur pour les besoins d’une photo de Philippe, je me rends compte qu’il y a un angle de vue original en plongée. Deux godox sont mis face à face avec Annie progressant au milieu. Les zones d’ombre apparaissent tout de même car l’un des deux est plus puissant.

 

 

C’est sûr, nous reviendrons à cette magnifique « goule » car le potentiel photo est tout aussi intéressant au-delà.
Au retour, nous prendrons le temps d’aller voir l’entrée du Jérusalem.

Vendredi 12/06 :
Au vu du degré de perfection recherché par Philippe et Annie, ils sont pleinement satisfaits s’ils arrivent à sortir 3 ou 4 belles images avec une « grande photo » dans la journée.

Plutôt que d’aller au gouffre des Ordons, nous partons pour la grotte Sarrazine et son petit lac d’entrée. Gérard est une fois encore de la partie. On est rapidement à pied d’œuvre et le cadre est somptueux avec ce porche magnifique. Comparé aux configurations de ces derniers jours, celle-ci est de nouveau inédite : La mise en scène nécessite l’usage d’une embarcation, on a 2 vues possibles (au bord de l’eau et du haut de la coulée de calcite) et on a recours aux ampoules pour éclairer l’eau sous le bateau de façon homogène. On n’est pas trop de quatre car il faudra tenir des éclairages à bout de bras. Annie, calée dans son kayak gonflable, déclenchera une bonne partie de son sac d’ampoules (elles datent déjà et ne fonctionnent pas toujours). Nous passerons notre journée en ces lieux privilégiés avec un entracte casse-croûte à la lumière du jour.
D’ailleurs, quelques randonneurs et touristes intrigués par nos activités viendront nous rendre visite.

Samedi 13/06 : Il nous faudra jongler avec la météo car des pluies orageuses sont annoncées en fin d’après-midi. Philippe propose que l’on aille en priorité à la Grande Doline, au Sentier Karstique de Merey. Même si le soleil risque de nous gêner un peu, on a bon espoir que le ciel se charge de quelques nuages pour qu’on ait une lumière homogène.
Au début de ce CR, je disais que j’avais une idée derrière la tête avec la Grande Doline …
En effet, mon frère Benoît va prochainement s’éloigner un peu de « son Sentier Karstique » puisqu’il va être affecté sur d’autres paroisses du département. Du coup, il m’est venu l’idée de lui offrir une belle photo de cette Grande Doline signée par un photographe de renom mondial…. comme ça, il pourra l’accrocher dans son nouveau presbytère.
Philippe voit rapidement une mise en scène : Annie sur une corde au centre du site et moi situé en bas la regardant monter. Tout y est : les strates, les scolopendres, les contre-jours, la symétrie, ne manque qu’un nuage voulant bien transiter au-dessus de nous et hop ! dans la boîte.
Nous voilà partis à présent pour un dernier spot photo en leur compagnie : Le puits d’entrée du Gros Gadeau. Dès notre arrivée sur place, on vérifie le débit qui est nickel.
La végétation alentours est exubérante, ce qui est parfait.
Avec le risque d’orage annoncé, on se gardera bien d’équiper à proximité du ruisseau mais plutôt à l’opposé.
Depuis le début de la semaine, Philippe me parle d’une corde américaine qu’on lui a offert et qui supporte les frottements. Il m’explique que durant un congrès international aux Etats-Unis, ils ont fait des tests comparatifs. Nos cordes ont résisté 10 mn au frottements provoqués avant de céder et que la « Bluewater » n’a pas bronché durant tout le congrès.
C’est une excellente occasion de l’essayer puisque normalement, on fractionne 2 à 3 mètres sous l’arbre : Là, on descendra direct. Il est vrai que l’aspect de la corde est plutôt raide et hyperstatique ; le descendeur à barrettes est sans doute bien mieux adapté que nos descendeurs européens où la corde ne glisse pas très bien.
Arrivés en bas, Philippe cherche un angle original qui fasse bien ressortir l’ambiance canyon du site. Heureusement, il n’y a pas trop d’embruns et nous parvenons à sortir quelques images plutôt aquatiques.
De retour à la surface, je dégage la végétation pour une vue plongeante avec la cascade se jetant dans le puits.
Voilà, c’est mission accomplie pour moi qui m’étais engagé à les guider et à les assister durant cette semaine.
A part quelques frayeurs et contusions le premier jour, il ne nous est rien arrivé de grave. Nous n’avons pas cassé ni perdu de matériel.
Au retour, il nous reste un peu de temps et l’orage semble tomber ailleurs. Nous ferons un petit détour par la très belle cascade du Verneau.

Dimanche 14/06 : Pour ce dernier jour plein, Philippe et Annie se rendront seuls pour une séance photo à la Grotte de Plaisir-Fontaine et au Puits de la Brème qui est passé en mode résurgence cette fois-ci.
En soirée, Philippe nous propose une Formation théorique au gîte sur la technique photo-spéléo.
Grâce aux compétences informatiques de Romain, 3 photographes spéléos pourront également assister à cette formation en visio : Gérard, Claude et Romain lui-même.
Au gîte,  Daniel nous a rejoint et du coup, nous serons 5 stagiaires à y participer.
Merci à Annie pour les grignotages pendant l’allocution de Philippe.

Lundi, c’est rangement et retour à domicile pour nos deux montpelliérains.

Jusqu’à maintenant, quand je voyais les photos de Philippe Crochet et d’Annie dans les livres et sur les réseaux sociaux, tout ça me semblait tellement inaccessible.
Et puis le hasard a voulu que le contact se fasse, de fil en aiguille. Comme je leur ai dit, c’est tombé au bon moment puisque j’ai pu me rendre dispo avec la retraite et que je commence à connaître assez bien les cavités photogéniques du secteur.
Je suis bien conscient d’avoir vécu une semaine de rêve grâce à tous ces moments tellement riches en partages. Je suis aussi content d’avoir pu en faire profiter d’autres spéléos photographes de mon coin.
La passion qui anime ce couple est vraiment poussée à l’extrême. Le degré d’exigence, la complicité pendant les séances sont époustouflants. Pour couronner le tout, ils sont animés par une envie de communiquer et de partager généreusement qui fait plaisir à voir. Participant à tous les congrès internationaux et organisant même des rencontres avec des photographes étrangers, ils ont une vision la plus exhaustive qui soit en ce domaine.

Cerise sur le gâteau, c’est promis, ils reviendront faire de la photo-spéléo chez nous … YES !!!

Une sélection des meilleures photos avec le prénom de leurs auteurs :     ICI
Merci à eux de nous les avoir mis à disposition 

Voici également le lien du site internet de Philippe Crochet (on arrive directement sur la page  des cavités du Doubs) :   https://www.philippe-crochet.com/nouveautes/details/356/speleo-dans-le-doubs-juin-2020


Guy

Expédition au gouffre de Précit – 12 Juin 2020

L’accès au gouffre de Précit (découvert par Franck Feret en 2014) était bouché par un gros tronc de bois qui encombrait l’entrée .
Après plusieurs opérations le tronc était descendu plus bas, mais il s’était à nouveau coincé en travers d’un grand puits. Il ne permettait pas de poursuivre l’exploration sereinement.

Des moyens bruyants n’ayant pas réussi  à le faire bouger, l’opération de ce jour consiste entre autre à essayer de le décoincer avec un tirefort.

En cette sortie déconfinement, il y a du monde au rendez-vous, mais pas de travail pour tous et on propose en plan B pour ceux qui veulent, de repointer les coordonnées de certains trous du secteur afin de mettre à jour l’inventaire spéléo du Doubs.

Le gouffre de Précit se trouve en contrée lointaine (pour ne pas dire presque inconnue …)
Situé sur la petite commune de Saraz, (13 habitants)  nous imaginons qu’il va falloir batailler dur au coup coup dans la forêt primaire afin de rejoindre notre camp de base.

Nous décidons donc de rejoindre le point Alpha en avion et les équipes seront parachutées sur la zone.

Chacun sait que le meilleur amarrage, c’est l’attache remorque d’une voiture !

La technique du tirefort est redoutable d’efficacité .
Le plus long aura été la mise en place de la manip. Une fois que tout a été réglé, le tronc a été dégagé en 30 secondes . Il se trouve maintenant (et pour longtemps) au fond du grand puits de 30m.

 

Le temps n’est pas top et la pause casse croûte se fait dans le camion de Didier (heu pardon… dans l’avion !)

Après midi, Dom et Alain partent donc repointer quelques trous du secteur.
Pendant ce temps, le reste de l’équipe (Thomas, Jacky, Didier et moi) nous reprenons l’exploration des petites zones qui n’avaient pas été visitées lors de la première par manque de temps.

Thomas est à l’équipement et après quelques plantés de spits aériens + un joli pendule, il finit par atteindre une petite galerie. Nous avons l’agréable surprise de découvrir que la galerie se transforme en une sorte de méandre qui se poursuit sur une dizaine de mètres environ. Malheureusement, la suite devient étroite et impraticable.
Nous y retournerons afin de mettre la topo à jour avec ce nouveau diverticule
Affaire à suivre donc.

 

Il est maintenant assez tard et il semble que le très mauvais temps ne permettra pas à notre moyen de transport aérien de revenir sur zone.
Il va donc falloir bivouaquer !   Nos réserves d’eau sont épuisées
Après une formation accélérée aux talents de sourcier les infortunés se lancent à la recherche d’une hypothétique source sous jacente.

La recherche sera finalement récompensée . Quelle chance !

D’autres photos ici

Christophe