Archives mensuelles : juillet 2021

Annie et Philippe, saison 3

Photo de groupe de la sortie au Crotot . En haut, de gauche à droite : Baptiste Chasseigne-Daniel Ramey-Jean Ozenne-Philippe Crochet-Claude Paris-Jean-Luc Géral-Jean-Lou Thollon-Gérard Jawoski et Roland Brun. Au premier plan : Guy Decreuse-Bertrand Moneret-Jean-Luc Kammerer-Annie Guiraud et Sarah Bouveret.

Annie et Philippe reviennent pour la troisième fois dans notre région afin de magnifier notre sous sol jurassien.( du 17 au 24 juin 2021)
Voici les liens des 2 séjours précédents :
https://speleo-gcpm.fr/une-semaine-avec-philippe-crochet-et-annie-guiraud/

https://speleo-gcpm.fr/annie-et-philippe-saison-2/ 

Cette-fois-ci, je n’ai pas de miroir extraordinaire à leur proposer ni de strates qui s’enroulent et encore moins de croisière souterraine en kayak ! Par contre, sur le menu, il y a quelques bonnes surprises qui ont toutes les chances de les séduire. Nos destinations s’orienteront d’avantage du côté de Baume les Dames avec entre autre, la magnifique rivière souterraine du Crotot qui apparemment aura été pour eux le grand coup de cœur de la semaine.

Jeudi 17 juin : Baume aux Sarrons et Puits de la Brème.

Je retrouve mes 2 montpelliérains au gîte à la mi-journée. Après un casse-croûte éclair, ils sont déjà sur les starting-blocks !.
Pour une mise en jambe en douceur sans trop de km, nous partons à la Baume aux Sarrons, vers Gennes. Cet ancien collecteur cutané a de beaux atouts et les angles de vue ne manquent pas. C’est tout à fait ce que recherchent Annie et Philippe : pas trop compliqué d’accès et beau. A peine entrés sous -terre, les volumes de cette cavité surprennent par leur ampleur. Pour couronner l’ensemble, les vieux concrétionnement qui pendent au plafond sont très esthétiques, surtout avec des éclairages déportés en contre-jour.
Entre individus partageant cette même passion pour la photo-spéléo, c’est très intéressant de voir à quel point le regard photographique est différent d’une personne à l’autre, même pour des spots photos qui à priori tombent sous le sens.
L’identification du sujet, les contraintes d’éclairage liées à l’aspect des lieux ….sont autant de paramètres à bien prendre en compte pour construire l’image.
Mais il y a aussi l’œil de chacun qui n’obéit pas forcément à des codes bien établis mais qui flaire la compo sympa « possible ».

L’heure tourne et nous avons aussi le projet d’aller du côté d’Ornans, photographier le Puits de la Brème qui est sans doute le plus bel inversac du Jura.
Les niveaux sont bas. Du coup, on voit bien les circonvolutions du puits.
Par contre, le cours d’eau à double sens qui relie le puits au ruisseau est à sec. Pour ce genre de phénomène karstique exceptionnel, ça aurait apporté un plus sur l’image pour bien comprendre que le gouffre est une cheminée d’équilibre entre une rivière souterraine et un ruisseau de surface.
Avec le couvert végétal, les lumières sont exquises en ce début de soirée et nous nous régalons.


Vendredi 18 juin : Gouffre des Ordons

Pour cette classique d’initiation située à 1km du gîte, Sébastien Colson et Stéphane Perrier seront des nôtres. Hier, les deux lorrains également passionnés de photos-spéléo étaient allés poser leur trépied du côté de Mouthier Hautepierre, à la Baume Archée.
J’équipe la dernière verticale en double pour gagner du temps à la remontée. A l’endroit où nous prenons pied, la perspective sur l’avenue est impressionnante : c’est une vraie carte de visite pour illustrer la richesse du patrimoine souterrain de notre commune.
Aussi, je demande à Philippe d’en sortir une compo pour en imprimer un poster. Il nous servira pour communiquer dans de futures expos photos spéléo.
Nous passerons un bon moment à peaufiner les éclairages pour obtenir un cliché d’exception. Avec les pendeloques de l’avant plan, on reconnaît de suite l’endroit et cela apporte un plus indéniable à l’image. Philippe délaisse l’idée d’un modèle sur la corde du puits et choisit de faire poser 2 personnes espacées pour augmenter l’effet de perspective.

Quelques dizaines de mètres plus loin, on pose le matériel devant le mur calcifié qui se présente sur la droite et qui fait penser à la proue d’un navire.
Là aussi, l’œil de Philippe ne manque pas d’inventivité en se plaçant face « au bateau ».
La cavité a été passée au karcher par mon club au printemps 2019 pour supprimer l’aspect terni des concrétions et le cheminement a été refait à neuf. Du coup, les images de Philippe seront encore plus belles !
Voici le lien du CR : https://speleo-gcpm.fr/nettoyage-des-ordons/

Ensuite vient la zone des tam-tams prisée elle aussi des photographes pour saisir les gouttes arrivant du plafond au bon moment. Comme le sujet a déjà été maintes et maintes fois exploité, nous ne nous y attardons pas.
Nous croisons alors nos collègues lorrains qui reviennent du fond. Sébastien a tenté plusieurs compos dans la zone finale mais ne semble pas pleinement satisfait du résultat.
A notre tour, Philippe tente l’exercice en commençant par une belle stalagmite trônant au beau milieu de la galerie.
Après le petit ressaut à gravir, nous touchons la partie terminale avec également une autre grande stalagmite (en se retournant en direction de l’entrée).
La cavité est un vrai studio souterrain, spacieux et sans boue : du grand confort.
Au retour, comme le timing est toujours bon, Philippe suggère les petites stalagmites que l’on aperçoit depuis la base du P18, cette fois-ci sans échelle humaine.
Pour conclure la séance, nous en ferons une dernière au niveau du puits avec Sébastien comme modèle. Juste avant le déclenchement, Sébastien frappe sa combine terreuse pour augmenter la force du contre-jour (c’est ce qu’on appelle la poussière de cul !).

Belle moisson donc pour cette journée passée sous terre à proximité du gîte.

Samedi 19 juin : Baume de Gonvillars.

Alors que Sébastien et Stéphane se rendent aux Cavottes, nous prenons la direction de la Baume de Gonvillars avec Daniel.
Nous y retrouvons Gérard , Sarah et Jean-Luc Kammerer (notre retraité imminent)
Pour cette sortie, c’est Sarah qui raconte :

Cela faisait un bon moment déjà que Guy m’avait prévenue de la venue du célèbre duo représenté par Philippe Crochet et Annie Guiraud pour leur séjour annuel dans le Doubs.

Donc de fil en aiguille « De Serge et Annie Caillault à Gérard Jaworski », les rencontres s’enchaînent lors d’une nouvelle sortie à la Baume de Gonvillars ce samedi 19 juin.

Gérard se propose généreusement de faire un « petit détour » pour que je puisse participer à cette aventure. Rdv donné à 9h au parking.

Sur le départ nous sommes largement en avance mais quand nous avons rendez-vous avec Guy, avoir de l’avance, c’est être a l’heure ! « C’est donc en bons derniers que nous arrivons a 8h30. »

5 spéléos nous accueillent au parking de Gonvillars. Nous retrouvons ainsi Guy, Jean-Luc Kammerer, le druide et guide de la journée qui m’avait déjà permis de visiter le magnifique Trou du pic. Après cela, je tombe dans l’inconnu avec la rencontre de Daniel Ramey et de Philippe et Annie que je ne connais pas encore. Les sourires chaleureux des sudistes ne trompent pas sur leur nature bienveillante. Guytou avait donc raison, humbles et humainement accessibles sont ces deux figures de la photographie spéléo française que je suis ravie de rencontrer.

Toute cette belle troupe est réunie autour du superbe plan papier de Jean-luc où toutes les galeries connues de Gonvillars sont répertoriées. Le généreux Guy me prête une néoprène, tout en me charriant sur cette journée qu’il compte bien optimiser en demandant à Annie et Philippe de me prodiguer des leçons sur les postures d’une taupe modèle. « il y a du boulot ! » Philippe m’explique déjà qu’un casque blanc a tendance à trop accaparer la lumière pendant qu’Annie me rassure en me disant qu’il n’y a pas vraiment de leçon à prendre. « Ça serait plutôt une façon d’être »

Après une belle photo de groupe où bon nombre d’entre nous sont déjà en train de fondre dans leurs néos, nous partons sur le sentier descendant menant au porche de la Baume. J’ai beau l’avoir vu déjà 2 fois, ce porche m’émerveillera toujours, d’autant plus quand on connaît son histoire que Jean-Luc nous commente avec passion. Le début de l’exploration est assez énergivore avec un sherpa plein de matériel et une souplesse grandement diminuée. Je suis au bord de l’hyperthermie quand nous arrivons à la rivière et je ne résiste donc pas a l’envie d’y tremper mon c…l ! « Le bonheur » Annie fait de même et une fois tous réunis nous progressons assez rapidement dans de spacieuses galeries jusqu’à la partie plus aquatique. De là, deux groupes se forment : Daniel , Guy, Gérard et moi partons se mouiller pour aller « re »voir « Grâce à Bertrand » le fond, pendant que Jean-Luc reste avec Philippe et Annie pour les aider à commencer leurs compos photo. Ils y a déjà grand nombre de curiosités que nos photographes on repéré à l’aller.

Pour notre part nous laissons les kits sur place avant d’aller nager dans ce qui fut les siphons 1 et 2 . Comme dans mes souvenirs, cette partie est plus concrétionnée, la rivière est agrémentée de spéléothèmes tous plus beaux les uns des autres. Un vrai régal ! Une fois au fond, je nage un peu vers les siphons ennoyés où je constate une drôle d’odeur, sûrement des résidus de surface emportés par les récentes pluies. Nous faisons demi-tour en nous mettant d’accord pour revenir immortaliser cette partie post « VM » une autre fois.

Bien contents de notre virée aquatique qui ma permis de constater que cette partie était tout de même plus agréable à faire en néoprène ! Nous rechargeons les mules jusqu’au premier spot photo un peu plus en amont. Annie, Philippe et Jean-Luc on disparu, sans doute encore en pleine compo photo un peu plus loin.

Guy est Gérard sont comme des poissons dans l’eau, plus çà va et plus ils sont rapides pour tout mettre en place et obtenir l’image qu’il souhaitent avec la précieuse aide de Daniel. En tout, cette sortie aura donné naissance à une bonne quinzaine de photos rien qu’à eux deux, pour encore un véritable plaisir des yeux avec de beaux coups de cœur ! Je commence à avoir un peu froid et surtout mal au dos quand nous retrouvons le groupe de tête, Annie me prodigue une leçon de posture sans savoir que c’est un peu comme essayer d’apprendre à un balai à danser la polka. J’admire son aisance et sa grâce, toujours souriante, toujours en mouvement « fictif » , un vrai don de taupe modèle ! Il n’empêche que cette leçon aura tout de même permis à un balai d’être un peu plus souple.

Nous avançons jusqu’à la cascade où Gérard essaye de prendre une photo d’action en me positionnant sur la corde. D’un coup, la galerie se transforme en véritable discothèque, les flashs se déclenchent tout seuls toutes les deux secondes avant que Gérard comprenne qu’il avait laissé son déclencheur de flash dans sa poche, qui elle même trempait dans l’eau… Nous remontons la cascade avant l’ultime leçon de la journée prodiguée par Philippe. Il m’annonce qu’il va me prendre en photo dans la marmite de la cascade, de près.. « mon dieu comme je suis (pas) à l’aise » Il m’indique sereinement tout ce que je dois faire : Mets ta main ici, l’autre là, ta jambe comme ça, il faut de l’eau, du mouvement ! Après cette posture qui m’amusait déjà, Il ne manquait plus qu’une chose, le sourire naturel ! Pour cela, rien de plus simple, il suffit de demander à Gérard ou Daniel de me jeter généreusement de l’eau sur la tête pour l’obtenir aisément ! Tout le monde met la main à la pâte pour l’éclairage pendant que Guy immortalise ces moments. Je suis très surprise du résultat et j’ai hâte de voir toutes les photos que Philippe a crées durant cette belle journée !

Le groupe se sépare à nouveau en deux pour l’ultime photo de Guy et Gérard. C’est que leur modèle n’est plus trop en forme ce qu’ils respectent largement. Nous retrouvons les autres un peu plus loin , Annie est allongée dans l’eau , la tête posé sur ses mains. Elle admire avec un grand sourire un des joyaux de Gonvillars, une formation très particulière où l’eau jaillit en pluie circulaire d’une voûte. Pendant que Philippe , devant son appareil déclenche et re-déclenche en réglant tous les détails. Gérard et moi avons un peu froid et décidons de commencer à remonter pour regagner la sortie. Peu de temps après nous croisons la fameuse libellule que Philippe a repéré à l’aller, un petit peu réchauffés nous décidons de les attendre ici en constatant à la voix qu’ils ne sont plus très loin. Cette fameuse libellule aura eu sont heure de gloire et elle ne l’aura pas volé ! Philippe nous pond encore une compo improbable qui nous fait tous rêver. Gérard et moi « Les limés fatigués » poursuivons notre remontée, nous déchargeons un peu Guy qui va rester avec le groupe.

Par chance l’échauffement de la remontée nous évitera le choc thermique du dehors où une lourdeur accablante nous attend. Nous allons donc nous changer et manger un bout aux voitures ce qui nous vaudra de rater la photo finale du porche d’entrée. Peu de temps après, 5 spéléos tout crotteux nous rejoignent, le compte est bon, aucune perte à déplorer. C’est donc une journée 100 % réussie qui s’achève « Vers les 17H ? » sur de bonnes notes de convivialité et d’humour, avec de belles rencontres et de belles retrouvailles.

Merci a tous, des photographes aux sherpas modèles en passant par le guide et les éclairagistes, et merci à Guy pour cette enchaînement de rencontres toutes plus improbables les unes des autres.

Dimanche 20 juin : Baume du Mont et Source du Lison

Aujourd’hui, ce sera une cavité simple avec des centres d’intérêts différents : La Baume du Mont, au-dessus de Reugney.
J’y avais accompagné la famille Caillault and Co il y a peu et Serge m’avait dit que ce serait sûrement un bon plan pour Philippe et Annie.
Le puits d’entrée mérite à lui seul le déplacement. Il y a une compo à faire dans les deux sens. Comme la lumière extérieure est bonne nous commençons de suite avec la photo prise depuis le dessus. Une fois de plus, le résultat est époustouflant.
Nous gagnons le fond de la grotte pour un thème qui n’a rien à voir: la supposée signature de Courbet.
Comme Annie n’est pas tout à fait assez grande pour en donner une idée de grandeur, j’ai apporté une échelle télescopique qui fera l’affaire.
Au retour, c’est la plafond de la grande salle qui attirera notre attention pour une mise en scène photo.
Nous voici revenus au pied de l’échelle fixe. Le soleil s’en mêle et nous devons jongler avec les nuages qui alternent. Cet antre rocheux de forme ovoïde est très esthétique et Philippe s’applique pour en restituer tous les aspects.

La journée n’est pas terminée, loin s’en faut. Retour au gîte pour récupérer un autre photographe spéléo venu spécialement de la Meuse: Baptiste Chasseigne.
Le jeune Baptiste (18 ans) a juste le temps de poser ses affaires et nous voilà partis en direction de Nans sous Sainte Anne. Je propose qu’on se rende à la source du Lison pour un challenge photo insolite : donner une vision inédite de cette source archi connue.
Daniel est déjà sur place pour nous voir à l’œuvre. Il n’y a plus beaucoup de touristes car l’orage gronde de plus en plus.
L’idée est de longer la paroi rive gauche sous le porche pour déposer un gros Godox et de l’orienter vers l’extérieur. Annie, installée dans son bateau gonflable se placera pile poil dans l’axe Godox- appareil photo. Pour créer un effet sympa , Philippe a apporté des ampoules à allumer sous le bateau.
A mesure que Philippe peaufine les réglages, un phénomène inattendu vient perturber notre projet : une couche de brume d’environ 50 cm d’épaisseur fait son apparition au-dessus de l’eau, ce qui a pour effet de complètement cramer le contre-jour. On se résigne alors à se passer de cet éclairage artificiel. Heureusement 1/2 heure plus tard, la brume tend à s’estomper.
Par la suite, Philippe sans néo nous surprend par son absence de frilosité : il entre sous le porche avec de l’eau à 8° jusqu’à la ceinture pour essayer la compo dans l’autre sens! Sacré Philippe !
C’est vrai que la vue est imprenable depuis cet endroit car elle donne la mesure de la profondeur de la voûte.
Il nous reste la vue depuis la chair avec le bateau navigant en contre-bas. Là aussi, les ampoules sont utilisées.
Les promeneurs arrivant devant le plan d’eau ne comprennent pas de suite ce qu’Annie fait là au milieu, jusqu’à ce qu’ils nous voient au-dessus d’elle!


Lundi 21 juin : Grotte des Cavottes

Ni Baptiste, ni nos deux montpelliérains ne connaissent le réseau sup des Cavottes et ils en ont bien entendu parler ces derniers temps avec le secours de Benoît.
Baptiste apporte également son appareil pour alterner les spots avec Philippe.
Les beaux volumes de la galerie Sud suffiront amplement à nous servir d’atelier souterrain.
C’est un terrain de jeu idéal pour comprendre les multiples facettes de la démarche photographique. En plus d’être un excellent photographe, Philippe est un pédagogue hors pair et c’est un bonheur de l’écouter partager sa grande expérience.
A mesure qu’on revient vers le ressaut de 7, on entend des voix. Un groupe venu de la Mayenne nous croise et forcément, on tape la causette… et forcément, ils connaissent celui qui a fait l’objet d’un secours aux Cavottes ces derniers temps !!

Photo Sébastien Colson, réalisée 2 jours auparavant

 

Arrivés à la tyrolienne, Philippe tente une photo d’action assez ambitieuse qui consiste en une pose longue pour avoir la traînée de lumière de la lampe du modèle et de le fixer par un coup de flash en fin de pose. Il nous faudrait plus de temps et pas mal d’aller- retours sur le câble pour obtenir un résultat abouti. Philippe me laisse le challenge à relever ultérieurement.



Mardi 22 juin : Grotte du Crotot

Aujourd’hui sera le temps fort du séjour ! : Nous sommes pas moins de 14 spéléos à avoir RDV au parking du Crotot à 10h00. (Annie Guiraud, Sarah Bouveret, Philippe Crochet, Roland Brun, Claude Paris, Guy Decreuse, Gérard Jaworski, Bertrand Monneret, Jean-Luc Kammerer, Jean Ozènne, Jean-Lou Thollon, Daniel Ramey, Baptiste Chasseigne et Jean-Luc Géral.)
Après avoir eu l’accord de Roland (et sa disponibilité pour nous accompagner), j’ai communiqué au niveau du GCPM et invité quelques amis spéléo-photographes.
Voilà qui permettra à quelques spéléos locaux de (re)découvrir cette magnifique rivière.
De faibles pluies tombent sur le secteur de Baume mais il n’y a pas d’orages annoncés…on verra bien ce que nous dit Roland !
Sur le parking, il y a un petit air de fête. Tout le monde a l’air content d’être là.
Ca discute, ca discute !!
Une photo de groupe «  ouistiti !  » et nous nous dirigeons vers l’entrée.
Roland s’approche alors du ruisseau qui il faut bien le dire coule pas mal. Nous sommes tous suspendus à ce qu’il va nous annoncer «  »Je pense que c’est bon, on peut y aller » » ….YES.

La descente dans les blocs n’est pas des plus agréable mais on arrive finalement assez rapidement à l’affluent puis au carrefour.
Nous descendons la rivière tous ensemble jusqu’au monument. Je ne me souvenais plus que c’était beau à ce point.
Arrivés devant ce superbe mur de calcite. Roland propose à Claude d’accompagner les photographes dans les étages tandis qu’il emmène les 5 spéléos voulant aller au fond. Philippe, apparemment séduit par ce qu’il vient de voir, préfère se concentrer sur la rivière.
Avec Gérard, nous partons devant, également en direction de l’entrée. Jean restera avec Annie et Philippe pour profiter de leur expérience en la matière et Baptiste choisit de faire de la photo seul.
L’eau est turbide mais qu’importe, ce sont surtout les plafonds qui attirent notre attention.
Après le premier spot, mon appareil tombe en panne (j’ai fait une mauvaise manip et les flashs refusent de déclencher). Heureusement, Gérard a aussi le sien et c’est donc lui qui fera les photos suivantes. C’est un régal, on s’entend bien et les compos s’enchainent. Sur l’écran, certaines compos sortent déjà du lot, la moisson a toutes les chances d’être bonne.
Hélas, le temps passe trop vite. Voilà déjà les copains qui reviennent du fond. L’après-midi est bien entamée quand on pense à casser la croûte. Gérard commence à avoir un peu froid;
Je laisse Daniel, Sarah et Gérard remonter et pars rejoindre le groupe de Philippe et Baptiste.
Ils semblent tous ravis de leurs images et je suis également content que l’objectif de cette visite a été atteint pour tout le monde.
On se change sous le soleil tout en n’ étant pas vraiment pressés de se séparer.

Merci Roland !!

Annie et Philippe suggèrent que la journée de demain soit cool !

Mercredi 23 juin : Grotte de Grosbois – Mine de Rougemontot – Grotte de la Beune et Grotte de Buen.

Pour cette dernière virée photo, nous retournerons du côté de Baume les Dames. 4 spots très différents sont au programme : un soutirage, une enfilade de micro-gours et 2 entrées de grottes. Baptiste est toujours des nôtres pour cet ultime escapade.

La grotte de Grosbois ne présente aucune difficulté de progression. Elle a d’ailleurs déjà été utilisée pour les JNS. Un passage bas donne accès à une grande salle ovoïde. Au nord de celle-ci, on peut observer un très curieux soutirage. Sur ses bords, il y a même un phénomène visible de décollement. C’est le genre de phénomène karstique pas franchement photogénique mais celui-ci a de l’allure. Une fois retrouvée la lumière du jour, Philippe tente une photo de l’entrée depuis l’extérieur.


L’accès aux mines de Rougemontot n’est plus autorisé par arrêté de »biotope aux chiroptères, » des pancartes vertes nous en informent aux entrées.
Il y a tout de même 1 conduit indépendant situé au Nord Ouest (non chaulé) qui reste autorisé.
Il n’est pas bien long (une cinquantaine de mètres) mais son sol est en bonne partie recouvert de micro-gours. La couleur rouge de la roche absorbe énormément la lumière des Godox et la compo n’est pas évidente à réaliser. Philippe multiplie les essais comparatifs pour magnifier cette perspective insolite. Retour à la voiture pour un casse-croûte au soleil.

A moins d’un km de la mine, une belle cavité, (naturelle cette fois), qui attirera notre attention: La grotte de la Beune.
Un beau porche suivi d’une belle galerie (5 x 5 m) nous amène rapidement au pied d’une cascade de gours étagés. Avec les scolopendres et la végétation luxuriante, l’entrée ne manque pas d’esthétisme. En utilisant le reflet de l’eau, Philippe en réalise une de l’intérieur vers l’extérieur. Celle dans le sens inverse est tout aussi belle.


Le timing est bon et nous avons encore le temps d’aller à la Grotte de Buen vers Baume les Dames. On se gare en rive droite du Doubs, en amont de la ville pour gagner les falaises d’escalade. On accède au majestueux porche par une échelle métallique. Le site est à l’ombre, ce qui va nous faciliter la tâche.
La voûte se trouve à 8 mètres de haut et il y a plusieurs voies d’escalade. La compo orientée vers l’extérieur est bien plus jolie.


Une fois de plus, ce fut un réel plaisir d’être en aussi bonne compagnie pendant toute cette semaine. Le séjour fut riche en rencontres avec les spéléos lorrains et locaux. Les cavités étaient variées et on a pu jongler assez facilement avec la météo.
L’ incursion au Crotot aura donné l’envie d’une seconde visite. Le fond de Gonvillars n’a pas été photographié et il mérite également qu’on y retourne. Et puis, il y a d’autres grandes classiques facilement accessibles comme la Borne aux Cassots par exemple.
D’autres entrées remarquables de résurgences peuvent également nous ravir, pour peu que les débits soient au RDV.
Durant la 3ième semaine de juillet 2022, seront organisés, en amont du Congrès International de Chambéry, 2 séjours photo-spéléo d’une semaine pour les photographes internationaux. Philippe et Annie les accueilleront en Ardèche et le gîte de Montrond servira de pied à terre pour l’autre séjour.
C’est une grosse organisation  . Du coup, nous nous rencontrerons à nouveau pour en affiner les détails …. et s’offrir un peu de bon temps dans nos chères cavités jurassiennes.

Toutes les photos    :  ici 

Voici légalement le lien internet du site de Philippe Crochet avec la page concernant ce séjour :

https://www.philippe-crochet.com/nouveautes/details/391/speleo-doubs-juin-2021

Découverte de la spéléologie aux Biefs Boussets (26/06/21)

Cela fait pas mal d’années que je partage des séances d’escalade avec Jean-Marc (mais aussi des barbecues, des bières et autres moments de convivialité). Je connais aussi sa passion pour

la spéléologie et comme l’environnement souterrain me fascine, il m’avait toujours promis de m’emmener sous terre pour découvrir ce dont la nature est capable. Je connais sa créativité sur les falaises, mais son action est ici très majoritairement « soustractive » (érosion de l’eau et du vent, gel, etc.). Sous terre, elle ajoute à sa palette des actions « additives » et cela permet des créations encore plus magiques. Bref, je voulais découvrir cette facette inconnue et pour le moment inaccessible.
Cette découverte se confrontait pourtant à un obstacle : ma tendance à la claustrophobie… Je n’étais pas sûr de ne pas me transformer en boulet si les passages devenaient trop étroits ou si je ressentais trop l’enfermement. Néanmoins, ma curiosité semblait plus forte encore et rendez-vous est donc pris pour le premier week-end d’avril… 2020 ! Un obstacle « imprévu » a mis en pause nos projets : COViD oblige, rien de tout ça n’a pu se dérouler, mais ce n’était que partie remise.

Nous voilà donc fin prêt en ce samedi matin : nous nous retrouvons au gîte de Montrond pour retrouver le reste du groupe qui nous accompagnera aujourd’hui (Jean-Lou et Didier) et récupérer du matériel. Il est 9h30 et le temps est beau et malgré les orages des derniers jours, les conditions sont bonnes d’après les fins connaisseurs du coin.

Direction les Biefs Boussets… Arrivés au parking, nous nous équipons et pendant que Jean-Lou et Didier vérifient mon équipement et m’expliquent des détails, Jean-Marc nous devance pour commencer à installer le premier rappel. Je découvre l’entrée de la grotte quelques minutes plus tard. Premier rappel sans encombre : évidemment, mon expérience de l’escalade et des rappels va m’aider tout au long de la journée. Je sais que je n’aurais pas d’appréhension du vide et je retrouve quelques automatismes communs entre les deux disciplines. Néanmoins, le matériel n’est pas le même et les façons de procéder quand même bien différentes. Je reste donc très attentif aux consignes et conseils des « sachants ».

Nous avançons bien, au rythme des rappels et des ressauts. Je découvre toutes les subtilités de la progression en spéléo et je retrouve des réflexes de grimpeur sur les passages en opposition (même si les bottes humides ne se comportent pas du tout comme des chaussons d’escalade !). Je suis comblé par tout ce que je vois, à la fois la délicatesse des concrétions et la force des éléments qui sculptent la roche.

Une fois arrivé à la chambre de décantation, je découvre d’autres sensations, avec plus d’espace et de volume. Nous nous arrêtons pour déjeuner, à la bien nommée « salle à manger », où nous laissons nos kits maintenant vides. Jusque-là, tout va bien pour moi : je ne ressens pas de sentiment d’enfermement et profite à plein de l’expérience. Mais tout va changer : l’étroiture qui suit va avoir raison de ma motivation. Je parviens à me dominer néanmoins, bien aidé par la présence rassurante du groupe expérimenté qui me distille juste les bonnes paroles aux bons moments, pour que je parvienne à passer cette difficulté. Une fois de l’autre côté, ça va un peu mieux, mais je ne suis quand même pas aussi détendu. Il est de toute façon temps de remonter : cela reste une sortie d’initiation quand même !

Le retour se déroulera sans encombre ; même le passage du laminoir me semblera moins difficile psychologiquement qu’à l’aller (le sentiment de l’avoir déjà fait sans doute). Je découvre d’autres merveilles, le point de vue changeant. Ayant même le plaisir d’être le premier sur de brefs moments, je peux vraiment scruter la caverne à la lumière de ma frontale. Aucun problème pour la remontée sur corde : là aussi, je suis en terrain presque connu, ayant déjà manipulé Jümar et bloqueur. La sortie est également grandiose dans le puits éclairé maintenant par le soleil, avec sa végétation luxuriante d’un vert éclatant, diffusant des odeurs extraordinaires.

Je tire plusieurs enseignements de cette expérience géniale :
je suis bien claustrophobe !
j’arrive à me dominer si la difficulté est courte et que je suis bien entouré ;
le monde souterrain est rempli de magie et de merveilles que seule la nature sait construire et ça vaut le coup de surmonter sa phobie pour les découvrir.

La conclusion est donc que je retournerai sans aucun doute sous terre, tout en connaissant mes limites pour évidemment conserver une sensation de plaisir. Un immense merci à Jean-Marc pour m’avoir partagé sa passion, ainsi qu’à mes deux accompagnateurs du jour, Didier et Jean-Lou, pour leur expertise et leur bienveillance.

Toutes les photos     ici

Mathieu