Archives mensuelles : juin 2023

Le Pré ROND Sortie du 29 Juin 2023

Damien émet l’idée d’aller faire un tour au Pré rond. C’est vrai que ça fait un moment que nous n’y étions pas allés, en plus les conditions climatiques sont au top, nous ne devrions pas trouver beaucoup d’eau dans les puits.

Nous sommes donc trois, Damien, Daniel (qui continue d’étoffer son grotte book, sur toutes les classiques de Montrond) et moi.
Préparation du matos et direction le trou. L’entrée est moins pourrie que d’habitude.
Damien s’engage le premier et équipe la totalité des puits.

Daniel découvre le méandre Clochemain et je crois qu’il commence à se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère.

Pas besoin que l’eau soit profonde pour se gauger, 5 cm d’eau suffisent, à partir du moment où on est à plat ventre dedans. A la sortie du boyau l’équipement du premier puits est très aléatoire, Damien se débrouille comme il peut avec ce qui reste de spits pourris, mal plantés ou avec des pas de vis agonisants.

Quand c’est à mon tour de passer, j’empoigne un amarrage pour mettre ma longe dedans, quand ce dernier me reste dans les mains « bon je ferai sans ! ».
Nous enchainons les puits.


Je crois que de tous les gouffres sur Montrond, c’est dans le Pré Rond que l’on trouve les plus beaux puits, même la Belle Louise où le Brizon peuvent aller se rhabiller, c’est splendide très propre, les strates horizontales sont magnifiques et effectivement pas d’eau gênant la progression.

Daniel découvre les joies de la reptation en diaclase serpentiforme, un certain manque d’expérience fait qu’il galère un peu plus que nous, mais il s’en sort plutôt bien en jurant quand même de faire un petit régime !

Petit méandre pour atteindre le sommet du P32.
Nous avions élargi l’étroiture qui en gênait l’accès, ce qui rend les choses beaucoup plus simples.

Superbe P32 où nous nous retrouvons ensemble au fond.
J’ai froid, je remonte et j’ai du mal à respirer à fond, pas de doute il y a du CO2. Il nous faudra remonter jusqu’à l’avant dernier puits pour retrouver des conditions normales d’oxygénation.

En attendant on remonte péniblement et on passe les obstacles en s’arrêtant souvent et en soufflant comme des bœufs.


C’est la première fois que je note la présence de CO2 dans ce gouffre.
Damien déséquipe à l’entrée de Clochemain, j’essaye de bricoler l’équipement de la vire pour la sécuriser au maximum.

Une bonne séance de rééquipement ne serait pas de trop.
J’attends Daniel puis je sors dehors.
Un soleil chaud m’accueil au chant des oiseaux, des dizaines d’insectes bourdonnent au milieu de la verdure et les bonnes odeurs des tilleuls, me fait oublier l’odeur de la roche de ce superbe trou.

P…………. comme la vie est belle !!

Pour voir les photos de la sortie, c’est ICI


Jean-lou

P.S : Daniel a amélioré son record un P32 sans fractios.

Sortie ragondins au Château de la Roche, dimanche 18 juin

L’idée avait pour la première fois évoquée avec Jacky et Jean Lou à l’été 2022, puis programmée à l’automne , repoussée pour cause de météo ,et , enfin, mise en application ce dimanche.

Il y a même affluence de ragondins, et c’est toute une entreprise de réunir la petite troupe devant le porche d’entrée : Sarah, Jacky, Damien, Jean Lou, Cathy et moi faisons route ensemble tandis que Manu , Michel ( Julie et les filles),


Joris qui habite sur place et Yann pour qui c’est la première rivière souterraine nous retrouvent sur place. Très jolie marche d’approche ,comme j’avais pu le lire, et il faut reconnaître que le porche d’entrée fait son petit effet, niché au pied de la falaise.

Climatiseur bienvenu et on pique nique bien au frais, chacun y allant de son pronostique sur les chances de survie et la longévité des touristes (tamalous?) qui passent auprès de nous et s’engagent dans la cavité avec l’équipement minimum.

S’ensuit une guerre du néoprène sans pitié et nous ne pouvons qu’envier nos congénères à fourrure et incisives, qui n’en passent pas par là ! Certains trottent devant , tandis que le reste du contingent évolue tranquillement, admirant le magnifique travail de l’eau et du temps, sculpteurs de plafonds hérissés, de draperies, de couloirs et de salles de toute beauté.

Certaines concrétions sont d’une blancheur éclatante, toutes parées de minuscules gours et de petits choux fleurs délicats. C’est une succession de passages avec très peu puis beaucoup d’eau , et même les plus grands auront le museau mouillé (qu’importe le ragondin a des narines obturables, si si, vrai de vrai).

À 700 mètres de l’entrée ,se dresse le principal obstacle à notre progression, une barrière de calcite qu’il nous faudra escalader puis traverser par une petite étroiture à prendre tête la première et à grands renforts de grognements.

Jean Lou passe le premier et nous aide de ses conseils. Manu a de nous tous le plus large gabarit et butte sur ce passage .Son temps étant compté ( il reprend le travail le soir même) ,il préfère renoncer , et fait demi tour accompagné de Jacky. La suite est de plus en plus aquatique, et Cathy , qui elle, a le plus petit gabarit, commence à prendre froid.

Un bon ragondin prend ce paramètre très au sérieux et je vous joins ci après une extrait d’un article sur la vie du ragondin qui est à méditer, surtout par les individus mâles (héhé…):

‘Lors d’hivers rigoureux, de nombreux ragondins ont la queue qui gèle, ce qui dégénère en gangrène mortelle.’

Sarah raccompagne donc Cathy vers des températures plus clémentes.
Nous arrivons donc à 6 au pied de la cascade de 3,5 m que Jean Lou équipe pour nous avant de faire lui aussi demi tour, inquiet pour les filles qui vont devoir repasser l’étroiture.

Aucun souci pour elles néanmoins, elles sont déjà de l’autre côté lorsqu’il les rejoint.
Damien, Joris, Yann, Michel et moi poursuivons jusqu’au siphon terminal, et faisons le chemin de retour à plein régime.

Retour à la lumière, deuxième bataille de la guerre du néoprène et signature de l’armistice autour de quelques bons petits gâteaux.

La suite devait être ceci : ‘la chaleur de l’été réconforte nos corps refroidis, et la descente en foret est un moment appréciable, qui vient agréablement clôturer cette belle journée’

Manque de bol elle a été ceci : ‘l’orage éclate alors sur saint Hippolyte, et nous prenons la sauce, nous entassons dans des voitures embuées aux odeurs de ragondin mouillé et filons sans demander notre reste’.

Eh oui, il fallait bien une fin dramatique à la hauteur de l’expédition !

Céline

Gouffre 2 du bois de Précit

Franck (notre infatigable fouineur) signale un trou ouvert sur la commune de Saraz à proximité du gouffre du bois de Précit .
L’info transpire sur les réseaux sociaux et naturellement, les clubs amis se proposent pour aller voir et nous raconter ensuite ce qu’ils auront découvert .
Jacky ne répond pas à l’appel et nous devrons donc nous passer des équipements de sécurité inox qui auraient pu être déployés autour de l’entrée.

Nous avons donc:
Franck- Spécialiste en découverte de phénomènes karstiques
Jean Lou- Spécialiste en équipement et en bonnes occasions de retrouver les copains
Daniel – Spécialiste en photo reportage
Christophe – Spécialiste en trucs qui font du bruit

Petit retour sur l’escapade du jour . (samedi 27 Mai 2023)

   

Arrivés sur place, ca parait sympa, on voit de la suite et Franck a déjà fait des visées de presque 9m avec un lasermètre.

L’entrée est un peu instable et nécessite quelques petits aménagements. Les talus terreux sont stabilisés et l’entrée fait maintenant presque 1m de diamètre.
A -2m, Nous sommes en pleine roche et des lames limitent un peu l’accès pour la suite.

Après 2 tirs au Bazola, le passage devient presque confortable.
Jean Louis entame l’équipement et file vers la suite.
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Après avoir franchi la zone étroite, le passage est plus confortable et la descente se poursuit d’abord verticale puis en incliné pour aboutir en point bas à la côte -10m.
La « salle » mesure environ 1.5m de large pour une longueur de 5m environ
Au point bas, après déblaiement, la galerie se poursuit en méandre très étroit et qui se termine rapidement
En hauteur on farfouille un peu sur un décollement entre 2 strates mais pas de continuation évidente. Pas de courant d’air non plus


Mais…  nous ne sommes pas en première.
Manifestement un sanglier est passé par là avant nous mais… ne sachant pas voler (le con) il est venu s’échouer là.
De lui, il ne reste que poils ossements et quelques mouches bien repues qui tournoient de joie en voyant un potentiel nouveau festin arriver là


La topo est rapidement dressée et il faudra la finaliser à la maison.

Il y avait donc Jean Lou, Daniel, Moi et Daniel qui sommes descendus.
Franck a préféré rester en surface pour monter la garde car, on ne sait jamais, un sanglier peu en cacher un autre.

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L’équipe, fière d’avoir sauvé une salamandre !

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Quelques photos supplémentaires ici

Christophe

 

 

Le  » joli P15  » du gouffre du Seu

Agnès descendant le P15 du Gouffre du Seu (1968)

Cette cavité est une perte active qui se trouve sur la commune de Dammartin les Templiers. L’exploration des 1400 mètres de galeries topographiées s’est étalée entre 1938 et 1981.

Agnès Barth connaît très bien ce gouffre car son club alsacien de l’époque avait participé à son exploration. Ca fait plusieurs fois qu’elle m’en parle :  » Le P15 non loin de l’entrée est « joli » me dit-elle, la roche a l’aspect du marbre ». Agnès n’est pas du genre à raconter des conneries !….et je lui fait pleine confiance !

La météo est favorable en ce 19 juin, pas d’orages annoncés.
Je connais déjà l’entrée qui ne manque pas de personnalité. Un ruisseau (à sec aujourd’hui) dégringole dans un P9.

Il n’est pas nécessaire de le descendre car une pente terreuse parallèle permet de rejoindre sa base (corde bien utile tout de même surtout avec nos sacs photos chargés!. Arrivés au pied de cette verticale, Daniel part devant et commence à déchanter. Les matières embarquées par le ruisseau ont partiellement boucher le boyau.


J’essaie à mon tour sans grandes illusions car mon gabarit est bien plus conséquent que celui de mon acolyte.
J’arrive quand même à décoller un tronc imposant et avec une sangle, on parvient à le ramener à la base du puits d’entrée.

J’y retourne et sur les conseils de Daniel, je m’engage les pieds les premiers … ça passe !! OUF. Mes pieds butent bientôt car la galerie présente une baïonnette mais là aussi, ça passe et j’arrive à me retourner.
Pour éviter que Daniel ne s’engage à son tour pour rien, je pars en éclaireur jusqu’au P15 : Bonne nouvelle ! Plus de bouchon, on va pouvoir s’amuser !

Agnès, Il est bien plus que «  »Joli » » ton P15 , il est MAGNIFIQUE !

La verticale crève le plancher d’une salle confortable sur la quasi-totalité de sa largeur. On devine déjà sa forme en haricot.


Les spits en place ne sont pas tous flambant neuf mais on arrive quand même à installer un équipement qui tienne la route.
Sur la description qui en est faite, le gouffre draine les marnes oxfordiennes pour rejoindre le Callovien dès l’entrée. Avec cette nouvelle dégringolade, on plonge dans le bathonien et c’est ce qui explique que l’aspect de la roche soit aussi esthétique.

Arrivés en bas, on voit bien que la galerie continue mais les gabarits annoncés sont plutôt « intimes » …. nous n’irons pas plus loin.
La configuration de ce puits fait que les compos sont bien plus facile à faire depuis le bas et surtout le rendu a toutes les chances d’être bien meilleur.
En remontant avec des stations tous les 2 ou 3 mètres , Daniel pousse devant lui une canne télescopique reliée à une poignée où est accroché un godox en contre-jour.

J’avais fait faire un mini-kit sur mesure par la couturière d’ ACS pour y loger le gros flash (il y a plusieurs points d’accrochages possibles pour permettre à la source lumineuse d’être bien orientée)

On multiplie les prises …il y en aura forcément une qui sort du lot . J’avais mis au point cette technique avec pas mal d’essais pas forcément concluants mais au final, ça fonctionne plutôt bien maintenant.
On prend notre temps pour peaufiner les images pour être sûrs de ne rien regretter devant l’ordi.
Au moment de retrouver le soleil, on tente encore plusieurs angles de vue de la zone d’entrée.

Merci beaucoup Agnès pour cette info ! Si t’en as d’autres du même genre, on est preneurs !


Guy

Le puits de la Lave, découverte d’une classique

Après un échange avec Jean-Lou, nous convenons d’une sortie pour le jeudi 8 juin, Manu va se joindre à nous.

Jean-Lou nous propose le Puits de la Lave; il faut profiter de cette période sèche car le second puits est souvent arrosé. Ce sera une première pour Manu et moi et un retour pour Jea-Lou depuis sa mésaventure avec une racine d’arbre…. En arrivant, on voit tout de suite l’énorme travail réalisé sur cette deuxième entrée bien sécurisée et à l’abri des crues.

Le premier puits est un peu étroit au début, le deuxième un peu plus large et plus esthétique.
En bas du P44, on arrive au pendule qui mène à la galerie du Beau Louis, boueuse au début.

Ensuite on arrive dans des gros volumes très esthétiques avec des marmites au plafond, un chenal de voûte.
Dans la première partie, on voit également des cupules, des sapins d’argile ainsi que des dépôts d’argile situés à une hauteur respectable sur la paroi de la galerie…..impressionnant de s’imaginer cette galerie en eau.

La remontée avec ses nombreux fractios aident à gérer son effort.


De retour au gîte, nous partageons un moment de convivialité autour d’une bière bien appréciée.

Merci Jean-Lou de nous avoir fait découvrir cette belle classique.

Les photos de Daniel, c’est ICI

Daniel

Le Gypse et le Bénitier (26/05/23)

Ça faisait un bout de temps que cette sortie photo à la Borne aux Cassots était dans les tuyaux. 

Christian Vuillemin du S C Lédonien a une idée derrière la tête ….
Ces dernières années, de nouvelles découvertes ont été faites dans le prolongement du Réseau Alain. Cela commence par le passage fastidieux d’une trémie….

une centaine de mètres tout au plus mais je me méfie car Christian appelle ce passage « Les Réjouissances ! »Au-delà, il y a du gros, du très gros même puisque qu’une des galeries a été baptisée « le Diplodocus » …. là, ça me plait bien !

Les sacs de portage pour le matos photo sont bannis, ils coinceraient rapidement dans les réjouissances ! Je confectionne des petits kits mais j’assure quand même avec les flashs car on éclaire pas une autoroute avec une lampe de poche.

Christian communique alentour pour recruter des porteurs et assistants. De mon côté, j’en parle à Daniel qui hésite car il craint les crapahuts malcommodes qui chauffent bien. Le jour J, on est 6 donc ça devrait le faire. Hélas, 3 désistements successifs viennent compromettre notre objectif.

Sur le parking, nous ne sommes pas seuls : Sylvain Michaud arrive et mon compatriote Jean-Pierre Villegas le rejoint. Ils devaient également être plus nombreux mais maintiennent tout de même le but fixé : escalader une cheminée du côté du Diplodocus.

De notre côté, on change de cap: le potentiel photo est énorme à la BAC et mes 2 compères Christian et Emmanuel en connaissent les moindres recoins.
En continuant tout droit au carrefour du réseau Alain se présente la galerie du Bénitier. Je ne connais pas et je fais entièrement confiance aux locaux.

A mesure que nous progressons, Christian me conseille telle ou telle galerie photogénique. Au niveau de la vire, on fait même une petite reconnaissance dans la rivière. C’est magnifique mais il faut une néo …. ce sera pour une autre fois !
Ensuite, on pousse jusqu’au fond de la galerie du Bénitier pour reconnaître les spots possibles à faire au retour.
Il y a de beaux volumes et ils sont variés.

A la mi-journée, on repasse devant le départ de la galerie du Gypse. On pose les kits pour une nouvelle reconnaissance et là, je tombe sous le charme !


Du coup, on retourne chercher le matos pour en sortir quelques images. Au bout de la partie confortable, Manu et Christian m’expliquent la suite : le boyau de l’attendrisseur et son shunt qui tous deux débouche dans le réseau pourri qui n’est pas si pourri que ça …. Encore une bonne raison de revenir pour une autre séance !

Le timing est bon et on restera une bonne heure dans cette faille multicolore tellement différente des conduits du Bénitier pourtant proches.
On finit notre séance à 2 pas du carrefour du Réseau Alain avec justement le Bénitier qui a donné son nom à la galerie.

On a une pensée pour Jean-Pierre et Sylvain qui sont tout au fond du réseau en espérant que tout se passe bien pour eux.


Peu avant de rejoindre le Métro, on aperçoit des lumières au loin. Ce sont Paul Cordier et Jean-Pascal Grenier qui sont venus à notre rencontre !

On revoit la lumière du jour vers 19h00 et c’est une bonne heure plus tard que l’équipe retrouve à son tour le plancher des vaches.

Même si tout ne s’est pas passé comme prévu, ce fut une belle sortie photo dans des secteurs inconnus pour moi et en excellente compagnie. ON REVIENDRA !

Les photos ICI

Guy


Ami, prends garde à la Légarde ! (27/05)

Si je réfléchis bien, c’est une histoire qui commença pour moi il y un petit moment déjà.
Sur un chemin brumeux, par une fin d’après-midi d’automne, juste moi et un individu que je ne connaissais pas . Nous étions en attente de la sortie des autres. Comment et pourquoi nous avons abordé alors cette Légarde, je ne le sais plus. Ce que je sais par contre c’est que lorsqu’il a raconté cet accident qui a eu lieu là bas, il l’a fait avec toute son humanité et j’ai entrevu la scène, qui m’a sauté à la gorge . A cet instant précis pour ma part j’ai lié amitié avec Jean Lou.

3 ou 4 ans plus tard un samedi 27 mai au matin …il fait beau et l’heure est aux sourires…2 équipes se croisent au gîte à Montrond. Christophe et Jean Lou partent tenter une première dans un trou prometteur tandis que Manu, Michel et moi allons affronter la terrible Légarde. Michel est au rendez vous avec toute sa petite famille au top comme d’habitude. Préparatifs, bonne humeur, rigolades, on est au Gcpm.

Pour un certain nombre de raisons, cette Légarde me tente depuis un moment : parce qu’elle est tout près de chez moi, sur mes sentiers de randonnée. Parce que c’est un challenge, aujourd’hui, de la défier avec les camarades de confiance Manu et Michel, qui sont comme moi , apprentis et fin motivés !

Parce que non, non, elle ne me fout presque pas un rien les pétoches…
Le ventre bien rempli d’un joyeux pique nique au bord de la rivière, nous abordons, plutôt confiants, la sombre gueule qui s’ouvre au creux du bois, faisant fi de l’écriteau qu’elle arbore en avertissement : ‘la vie se trompe parfois’. Julie et les filles nous attendent au frais dans la sapinière.
La descente se fait dans le sérieux et dans l’entraide, chacun de nous prenant alternativement sa part du travail d’équipement. Nous échangeons, réfléchissons, faisons au mieux, progressons ensemble.

Les volumes sont impressionnants mais nous descendons sereinement même ce fameux P70, avec toutes ses déviations à trouver . Le passage de la trémie est plus scabreux et nous hésitons, empruntons de vieilles cordes pourries, avons le froc mouillé. Le temps passe et Manu doit être rentré pour 17 h , cela parait de plus en plus incertain . J’équipe le P17 avec la corde suivante dans
le kit sans en vérifier la longueur . Ce n’est que presque arrivée en butée nœud que je m’aperçois qu’elle est trop courte ( en réalité cette corde devait servir à équiper un petit ressaut que nous avons franchi en empruntant une corde déjà en place). Il me faut donc remonter (leçon du jour : vérifier la longueur de la corde + faire un nœud au bout

en laissant suffisamment de corde après pour pouvoir faire une clé sur son descendeur!).Cette fois il se fait tard pour Manu et nous décidons de remonter. Si il file en premier il a encore une chance de n’être pas trop en retard au boulot. Michel lui emboîte le pas et je suis au déséquipement du grand puits. Le temps s’étire, toute seule au fond du puits, et livrée ainsi aux ténèbres , de sombres pensées font irruption et me percutent. Je me revois soudain, sur le chemin brumeux, aux côtés de Jean Lou. J’observe les roches à mes pieds, je me demande : ou était ce exactement, ce corps , cette scène ? Combien d’heures, à souffrir, à étouffer ? Ici ou là bas un peu plus loin ? Et son fils ? Et jean Lou ? Je me prends à trouver l’endroit sinistre, effrayant, lugubre comme la mort. J’ai hâte, m’échapper d’ici, je veux voir mes pieds décoller de ce sol, et l’endroit
s’éloigner, s’éloigner , devenir tout petit dans le halo de ma frontale.

Enfin le signal ,c’est libre !
Pourtant l’angoisse colle à la corde, mon croll est englué, je n’arrive pas à me hisser . 20 cm / rester calme/30 cm encore/ canaliser / le chemin brumeux / était ce aussi haut à la descente ?/ le pendule/
le vide /encore 10 m / une chute atroce /7 mètres / une chute sans fin /plus que 2 / vite, les mousquetons prendre pied du côté des vivants. Il me semble, mais est ce mon imagination qui me joue des tours , que me parvient, à la limite de l’audible, une sinistre petite musique qui s’élève du fond du gouffre désert.

J’appelle Michel à la rescousse… dis tu n’as pas un peu peur, toi ? Dis, tu l’entends cette
musique, toi ou bien il n’y a que moi ? Non, Michel m’avoue humblement ressentir lui aussi une certaine angoisse. Oui, c’est glauque ici. Oui , il a l’impression d’entendre la musique et non, ce n’est pas lui et si ce n’est pas moi alors c’est qui ? Manu ?????

Maaaaaanuuuu ?? !!! Non pas de réponse Manu est hors de vue et d’oreille depuis un bon moment…
Manu tu es là ?? Tu nous entends ?
Puis enfin une réponse, ténue. Ouf c’est bien le portable de Manu réglé en mode réveil.

N’empêche je ne demande pas mon reste, et c’est un franc soulagement de m’extirper d’ici et de retrouver la lumière et la chaleur du jour, le sourire de Julie. Nous mettons un petit message à Jean Lou : ça va, ça va. Un seul drame suffit. ‘La vie se trompe parfois’. Désolée Michel à la réflexion non je ne me sens pas d’y retourner, tant pis pour la belle galerie, tant pis pour l’exploration inachevée, nous en ferons encore ensemble de plus gaies, de jolies, d’accueillantes, de riantes.

Cette Légarde est une dame peu fréquentable, une sorcière tapie au fond des bois. Telle est sa place et qu’elle y reste, gardons nous en, la nôtre est aux sourires de Montrond.


Céline