Samedi 11 juillet.
Un bon mois après leur premier séjour, Annie et Philippe Crochet reviennent passer quelques jours à Montrond pour de nouvelles séances photos dans notre sous-sol jurassien.
En fait, ils sont en transit en direction de la Belgique pour l’inauguration d’un livre de leur composition et concernant la célèbre grotte de Han.
Ayant fait étape à Lyon, je leur propose de faire un détour sur leur itinéraire pour aller à la Lésine du Miroir, vers Saint Claude.
Nous nous sommes donnés RDV sur une place du centre ville. Ayant envoyé un petit mail sur la liste du club, Alain Bulle s’est joint à nous.
Et nous voilà partis en direction de Chaumont puis de La Main Morte.
Je suis déjà venu 2 fois à cette Lésine, d’abord avec Franck puis avec Gérard et à chaque fois, ce fut le coup de foudre … et j’espère bien qu’ils tomberont eux aussi sous le charme !
Pour la petite histoire, c’est Alain Rouiller, du SC Saint Claudien qui repère l’entrée en 1976 lors d’une prospection et c’est en solitaire qu’il effectue une première visite pour tomber sur le fameux miroir.
Pour donner une idée du côté exceptionnel du phénomène, le premier explorateur a cru un instant découvrir les vestiges d’une civilisation extraterrestre !!
Après 2,6 km de marche d’approche, nous voici devant ce petit talweg descendant vers le cirque de Vaucluse. La petite entrée se trouve au pied d’un escarpement rocheux.
Annie, Philippe et Alain sont conquis de suite. Ils n’ont jamais vu « un truc » pareil. D’ après Philippe, un tel phénomène doit trouver naturellement sa place dans des livres de géologie. Vers le fond, le mur est de plus en plus lisse et ressemble à du marbre poli.
Philippe remarque de suite que le frottement s’effectue de façon horizontal et en direction de l’entrée. Pour les géologues, ces stries confirment que nous sommes bien devant une faille et non en présence de strates verticales … et c’est ce que Philippe voudra mettre en avant sur les images.
La paroi est humide et il nous faudra échelonner les sources lumineuses tout en les dosant de façon judicieuse pour éviter de tout cramer.
Alain et moi-même nous nous improvisons assistants éclairagistes.
On passera plus de 3 heures au pied de ce mur pour le magnifier au mieux.
Après cette séance contemplative, 2 bonnes heures de routes nous attendent pour rejoindre Montrond, en déposant Alain à Deservillers.
Dimanche 12 juillet, Annie et Philippe retournent seuls à la perte de la Vieille Folle où nous étions déjà allés avec Gérard la dernière fois. Cette fois–ci, le débit est nul ; Du coup, les cupules ressortent encore mieux.
Le soir, ils me racontent qu’ils se sont à nouveau régalés.
A deux, le temps pour tout caler est un peu plus long et ils n’iront pas plus loin que le bassin profond … donc ils comptent bien revenir une troisième fois en commençant par le bénitier !.
Philippe n’ayant pas apporté sa néo, le froid commençait à se faire sentir en fin de journée, et de toute façon, les accus commençaient à faiblir.
Petite mésaventure qui aurait pu se finir aux urgences, un flash posé « en douche » en équilibre instable dégringole sur le nez d’Annie. Heureusement, pas de fracture et Annie s’en sort avec quelques saignements !
Lundi 13 juillet, Nous nous rendons tous les trois au Trou du Pic, vers L’Isle/Doubs. J’ai pris contact au préalable avec Jean Luc Kammerer qui se rend disponible pour nous accompagner.
Quand Annie et Philippe reviendront de Belgique, le 4×4 sera chargé de 500 livres et c’est pour cette raison que Philippe n’a pas pris de néo …. pas de problèmes, celle de Benoît fera l’affaire !
Jean Luc est sans nul doute l’interlocuteur idéal pour nous servir de guide.
Il nous avait déjà accompagné fin janvier de cette année avec Christophe Berna, Gérard Jaworski et Claude Paris du GSAM : https://speleo-gcpm.fr/le-trou-de-jean-luc/ . De plus, Jean Luc est photographe lui-même donc il y a de bonnes chances pour qu’il ait la patience nécessaire.
Nous arrivons sur place un peu avant 9h00 : Notre accompagnateur est déjà en tenue spéléo et nous le surprenons entrain de faire sa sieste matinale !
La cavité est photogénique à souhait de bout en bout mais ce qui fait le clou du spectacle est sans doute cette rivière où l’on peut progresser en kayak ! Ce sera « la photo » phare de cette sortie pour laquelle on consacrera le plus de temps.
Avant d’y arriver, les superbes chailles plafonnantes attireront notre attention ainsi que les magnifiques profils des conduits semi fossiles.
Philippe se sent un peu oppressé et présente des maux de tête. On ne saura pas de façon certaine si c’est sa néo qui le comprime où s’il y a du CO2 dans la cavité mais cela ne nous empêchera pas de poursuivre notre visite.
A la mi-journée, nous arrivons au carrefour proche des bateaux.
Le spot de navigation souterraine est à peine 100 mètres plus loin que l’embarcadère et nous n’irons pas au-delà.
Philippe gravit le talus terreux situé en rive droite. Le point de vue domine de façon idéale une belle perspective sur la rivière.
L’idée est de mettre en scène deux kayaks avec la pendeloque au premier plan. Mission accomplie au bout d’une bonne heure de réglages.
Après un casse croûte bienvenu, Philippe tente une nouvelle compo plus rapprochée avec Annie dans le bateau ; Un poisson d’une quinzaine de centimètre attiré par nos lumières viendra nous tenir compagnie pendant le temps de la séance.
Au retour, d’autres clichés viendront compléter notre moisson avec des angles de vue différents. Après une photo souvenir, nous voilà de nouveau dehors 6 bonnes heures après y être entrés. Etre accompagnés par Jean Luc est toujours un vrai régal et nous le quittons enchantés par son sens de l’accueil.
Pour cette veille de 14 juillet, le GCPM a organisé une soirée barbecue au gîte de Montrond. Une projection sur l’historique du Rochanon viendra agrémenter notre repas. C’est donc en compagnie des membres de mon club que nous terminons cette magnifique journée.
Mardi 14 juillet, l’objectif premier de cette journée se situe dans la zone d’entrée du gouffre bien connu des Biefs Boussets.
Si le séjour d’Annie et Philippe avait commencé avec la rectitude géométrique de la Lésine du miroir, ici, c’est tout le contraire : A quelques dizaines de mètres de l’entrée, une magnifique charnière synclinale s’enroule sur elle-même.
Au parking, il y a du monde : Alex et Jean-Lou accompagnent des jeunes du Sentier Karstique jusqu’à la salle de la décantation. Jean-Lou part devant et nous équipe les premières verticales (Merci !).
La zone d’entrée est également très jolie avec son arche rocheuse mais nous nous y intéresserons au retour.
C’est un vrai challenge de montrer cette charnière en image. Il n’y a pas beaucoup de recul. Il ne faut pas donner l’impression que la distorsion vient de l’objectif… je suis bien curieux de voir comment il va s’y prendre !
Au final, Philippe choisit des compos qu’il qualifie d’illustratives ! La lumière vient tout simplement à 45° de l’appareil. On ajoute juste un flash en douche au-dessus d’Annie.
La philosophie de leurs images réside dans le fait que lorsqu’on a un vrai sujet intéressant, il n’est pas nécessaire d’avoir des contre-jours très marqués mais qu’ils soient là juste pour mettre en relief les matières.
Les éclairages venant d’en face, même s’ils donnent de la pêche à l’image, ont l’inconvénient de détruire les couleurs naturelles.
Au final, le résultat est juste parfait. On reconnaît bien la particularité du phénomène. Le rendu est on ne peut plus crédible. Du beau travail : Bravo Philippe !
De retour vers la zone d’entrée, nous ressortons le matériel une nouvelle fois à la base du puits. La gestion de la lumière est complexe. Philippe sort alors le trépied et opte pour la solution de clichés assemblés en sandwichs, ce qui sous-entend un second travail en post traitement.
Ultime sortie photo de leur séjour, Philippe souhaite aller expérimenter quelques photos nocturnes à la source de la Loue. Le ciel est clair, les étoiles devraient être au RDV.
Arrivés sur site, on constate que le grand angle suffit à avoir l’ensemble de l’amphithéâtre avec en prime, un peu de ciel au-dessus.
Je reste scotché par la puissance du gros godox qui arrose toute la falaise sans problème.
Les vitesses de prise de vue avoisinent les 20 secondes avec plusieurs éclairs répétés. Pour avoir un vrai ciel étoilé, Philippe m’explique qu’il faudrait pousser les poses à une quinzaine de minutes.
Nous passons toute cette première partie de nuit à faire des essais.
De nombreux moustiques apparaissent sur les images et l’on doit déporter les éclairages pour réduire leur impact sur les photos.
Même si le débit est à l’étiage, les talkies auraient rendu les communications plus confortables. Davantage de petits flashs Yongnuo auraient été également utiles pour éclairer quelques petites zones.
Au final, j’ai cru comprendre que Philippe avait l’intention d’y revenir !
Une fois de plus, le temps aura passé trop vite mais quel plaisir d’être en compagnie si agréable !
J’aurai également appris quelques autres subtilités de leur approche photo.
Nous sommes loin d’avoir éclusé tous les spots photogéniques de nos chères montagnes jurassiennes. Ainsi j’espère bien que nous aurons encore l’occasion de nous rencontrer dans un avenir proche.
A la revoillotte donc !
Voici le lien du site de Philippe Crochet : https://www.philippe-crochet.com/nouveautes/details/360/speleo-dans-le-doubs-juillet-2020
Une sélection de photos ICI
Guy