(du mardi 16 au samedi 20 juin 2022)
Une nouvelle fois, Philippe Crochet et Annie Guiraud viennent poser leur appareil photo sous nos terres jurassiennes.
Voici les liens des 3 séjours précédents :
https://speleo-gcpm.fr/une-semaine-avec-philippe-crochet-et-annie-guiraud/
https://speleo-gcpm.fr/annie-et-philippe-saison-2/
https://speleo-gcpm.fr/annie-et-philippe-saison-3/
Le mardi soir, les retrouvailles se font devant un bon repas préparé par Christine à la maison. Gérard est déjà là et pendant que nos deux invités remontent vers le Nord, nous sommes allés nous « échauffer » à la grotte de la Châtelaine vers Champagnole, une belle rivière esthétique à souhait.
Située au bord de la route qui monte de Ney à Loulle, elle ne peut être visitée qu’à l’étiage et avec une météo sûre.Ce fut le cas pour nous et les prévisions annoncées pour la semaine sont Tip-Top avec des régimes d’étiage qu’on rencontre plutôt en fin d’été. Pour deux des quatre cavités prévues, le programme s’orientera cette fois-ci un peu plus au Sud, vers Arbois et Baume les Messieurs.
Mercredi 17 juin : Borne aux Cassots
Lors de l’assemblée GIPEK, je propose à Christian Vuillemin de se joindre à nous et il est de suite d’accord. Christian connaît la « BAC » comme sa poche, c’est son jardin. De plus, il fait lui-même de la photo et ça l’intéresse évidemment de voir comment nos deux Montpelliérains s’y prennent.
RDV est donné à 9h00 au parking de la grotte. François Jacquier et Pascal Lamidey initialement intéressés ont finalement eu d’autres occupations. Il va falloir composer avec les contrariétés de santé de certains d’entre nous.
Même si techniquement, il n’y a pas de difficultés, l’endurance est nécessaire si l’on veut pousser vers l’amont, d’autant que nos sacs sont bien remplis.
On se donne comme objectif le début du Réseau Alain , là où la galerie prend le profil d’un véritable canyon souterrain.
Au niveau du siphon temporaire, on se mouille à peine les pieds : les niveaux sont bien bas pour la saison.
Christian était encore un peu jeune pour participer à la désobstruction de la zone d’entrée mais il en connaît toutes les péripéties et nous les fait partager.
L’arrivée dans la rivière est toujours un temps fort….on ne peut s’empêcher de penser aux découvreurs.
On repère les spots à mesure que l’on progresse. Notre accompagnateur est venu avec un accessoire pas banal : un bâton de marche ! Il est vrai que le gabarit des galeries et leur horizontalité s’y prêtent. La roche accroche plutôt
bien mais on a plutôt les yeux rivés au sol qu’en direction des volumes immenses qui se présentent à nous.
Les 2 premiers éboulis se passent dessous grâce à une galerie aussi curieuse qu’ inattendue. On prendra le temps d’y tenter quelques photos au retour. Après le passage du bois plafonnant, on entame une longue marche sur des blocs sans entendre le bruit de la rivière. Les volumes sont toujours hors normes pour le massif jurassien. Après avoir longé un puits du fond duquel on entend le cours d’eau, se présente la vire.
L’endroit est imposant mais la mise en image est ambitieuse et nous prendrait trop de temps.
Nous passons prudemment sous la vire. La zone des Chailles ne nous laisse pas indifférents et nous nous y attarderons au retour.
Vient enfin le fameux carrefour « Galerie du gypse-Réseau Alain »
Là aussi, il y aurait un cliché à faire mais chronophage lui aussi.
Lors de notre sortie club d’octobre dernier : https://speleo-gcpm.fr/tous-a-la-bac/ j’étais resté scotché devant la beauté du canyon qui commence après la voûte basse. Les bancs de sable qui ponctuent le défilé souterrain sont du plus bel effet.
Nous commencerons notre séance photos ici. Gérard, Christian et moi restons ensemble pour le moment tandis qu’Annie et Philippe déballent leur matériel non loin de nous.
Devant toutes les possibilités de spots que recèle cette cavité, nous sommes obligés de faire des choix mais c’est un moindre mal ! Nous n’irons donc pas en direction de la galerie du gypse.
Les compos s’enchaînent. Pour les gros volumes,
nous sommes tous ensemble et nous nous séparons pour les autres clichés.
Christian nous avait un peu mis l’eau à la bouche « Avant de sortir, il y aura une surprise ! »
Alors que nous bouclons une ultime image, Christian part devant pour nous chercher une bonne bouteille de « »Macvin Maison » » entreposée avec d’autres bonnes bouteilles quelque part dans la BAC ! C’est sûr, elle est à bonne température. Il fallait bien immortaliser aussi ce moment : « »Alors SANTE !! « ».
C’est un peu revigorés par cette potion jurassienne que nous rejoignons la sortie.
Quelle belle journée au frais, en si bonne compagnie !
Jeudi 18 juin: Baume du Coudrier
Nous avons RDV à 9h00 au parking du trou avec Roger et Alain. Benoît nous suit avec sa voiture perso car il a d’autres occupations ensuite. 2 gros troupeaux de vaches se rendant aux champs ne parviendront pas à nous faire arriver en retard. Nous récupérons Jacky au parking du belvédère de la Châtelaine et nous voici à bon port.
Nos accompagnateurs sont déjà en tenue, prêts à descendre ! « C’est le quart d’heure jurassien » nous expliquent-ils; Dans le Jura, il est dans l’autre sens !
Tous passionnés du monde souterrain, nous nous réjouissons de découvrir cette cavité « hors norme » en beaucoup de points.
Roger nous raconte l’histoire de la découverte et durant toute la visite, il ne tarira pas d’anecdotes toutes aussi intéressantes les unes des autres.
Arrivés à la base du puits, nous nous séparons en 2 groupes : Roger, Benoît, Annie et Philippe partent en direction des gours tandis que Jacky, Alain et moi rejoignons la salle où trône la fontaine de jouvence.
L’arrivée dans cette salle est féérique. En parcourant le livre de Roger, on comprend pourquoi ils ont baptisé la fontaine ainsi. Voici un extrait racontant la découverte : » »…Quelques mètres en contrebas nous débouchons dans une galerie dont nous ne percevons pas les limites immédiatement.
Nous nous rassemblons pour mieux éclairer. Nous venons de prendre pied dans une vaste salle magnifiquement ornée, qui mesure environ 25 m de longueur, 15 m de large et 6 m de haut. Le spectacle est à son paroxysme.
L’eau qui s’écoule d’une stalactite dominant un massif majestueux produit un son agréable et mélodieux. Elle tombe en pluie dans les gours en contrebas et crée dans ces bassins un mouvement perpétuel de vaguelettes, le tout accompagné d’un « glouglou » très musical.
Il s’agit du premier son émanant de cette grotte, comme si elle tenait soudainement à rompre le silence des derniers millions d’années pour accueillir ses premiers visiteurs avec déférence…
À l’instar de jeunes néophytes, nous approchons pour observer ce prodige et essayer de comprendre.
Serions-nous retombés en enfance?
Cela ne fait plus aucun doute, nous sommes comme des gamins en extase devant La fontaine de jouvence. « » »
C’est un luxe d’avoir 2 assistants comme Alain et Jacky pour cette séance. Pour moi qui suis souvent seul pour réaliser mes photos, je me sens presque gêné !.
Aussi, nous parvenons rapidement à réaliser 3 photos dans cette salle.
Midi est l’heure définie au préalable pour inverser les postes.
Nous arrivons juste au pied du puits d’entrée quand nous entendons nos collègues venir à notre rencontre.
Le début de la partie dont nous revenons comporte 2 passages étroits. Le premier est court et se passe en oblique. Le second vient peu après; il est tournant et peut frotter selon le gabarit.
Philippe réussit à passer le premier mais bloque dans le suivant. Dommage.
Du coup, Roger accompagnera Annie et Benoît mais sans appareil photo.
Pendant ce temps, mes 2 acolytes et moi-même poursuivrons la séance du côté des gours.
Nous préfèrerons manger ensemble en surface à l’ombre. Les sujets de discussions seront à la mesure des lieux ! : « la topographie prédictive » selon Baba, le découvreur de la Baume et l’autre selon Jacques Olivier, à l’initiative du Sentier Karstique des Malrochers.
Nous prenons congé de nos 2 jurassiens ravis de cette visite. Philippe qui est en partie resté sur sa faim promet de choisir désormais des infusions « Ventre plat « » !!
Comme il nous reste un peu de temps, Annie, Philippe et moi partons pour la source de l’Ain que l’on espère trouver pleine pour avoir une vue comparative avec un autre cliché réalisé auparavant. Au parking de la source, à ma grande surprise, des promeneurs nous annoncent que l’eau a déjà baissé de 6 mètres alors qu’on est à la mi-juin !
Du coup, nous n’y irons pas.
Vendredi 19 juin : Grotte du Moulin de Vermondans
Pour cette cavité hyper-aquatique située vers Plaimbois-Vennes, j’ai quelque peu anticipé :
Gérard et moi y sommes allés le 26 mai dernier et malgré l’étiage, l’espace entre l’eau et la voûte n’est pas bien grand dans la première partie. On est debout mais on doit incliner la tête pour pouvoir respirer, et ce, sur quelques dizaines de mètres.
A l’entrée , le chenal qui avait été mis en place à l’époque des moulins s’est complètement comblé avec les cailloux décrochés du cirque rocheux. En déblayant,
je me suis dit qu’on pouvait gagner 50 centimètres.
D’ailleurs, si on lit l’historique de l’exploration de cette cavité, les premiers visiteurs y étaient entrés en barque !
Voyant que la météo allait nous être favorable, je suis monté le dimanche matin avec une pelle à neige et un crochet pour vider ce chenal.
Quatre heures de travaux en allant vers l’amont (donc vers l’entrée) furent nécessaires. Je devais remplir la pelle avec le crochet car le gabarit des pierres n’était pas du tout régulier.
J’ai vu mes efforts récompensés au niveau de l’entrée, au moment où le bouchon n’existait plus. Avec les centaines de mètres cubes d’eau accumulés sous terre, j’ai vu soudainement le débit s’emballer jusqu’à remplir complètement le chenal.
J’aurais bien voulu être en bas de la grande cascade tufière pour voir arriver l’eau d’un seul coup.
Au bout d’une demi-heure, le repère que j’avais matérialisé indiquait déjà 20 cm de moins.
Avec Philippe et Annie, nous ne descendons pas jusqu’au pied de la cascade en voiture. Un chemin forestier qui démarre à mi-côte permet de s’y rendre à pied sans dénivelé. Il est plus long certes (650 m) mais avec nos sacs blindés, c’est plus pratique, d’autant que j’ai ajouté un bateau gonflable au matos photo.
Le bateau va nous permettre d’y charger nos sacs pour passer toute la zone d’entrée.
Mes deux invités semblent conquis dès l’entrée qu’ils prendront en photo dans les deux sens.
Ensuite, c’est l’ambiance ultra aquatique !
On a l’impression d’évoluer dans une cave au 3/4 pleine d’eau avec un fil d’ariane à nos côtés. Ça ne frotte un peu que dans le premier virage à gauche.
Je constate avec satisfaction que le niveau d’eau a considérablement baissé (entre 40 et 50 cm). Du coup, c’est beaucoup plus confortable (…. et il faut bien le dire, moins angoissant.)Ensuite, on repère les spots qui se présentent; La galerie prend la forme d’un noyau d’amande des plus esthétiques.
Nous nous arrêterons à la première voûte mouillante pour commencer les photos.
Réflexion faite , ce fut une erreur de faire les photos au retour, car l’eau est devenue turbide et le peu de débit ne permettait pas de la renouveler rapidement.
Pour Annie, poser dans l’eau froide jusqu’à mi-hauteur à ses limites. Il faut éviter qu’Annie se retrouve frigorifiée dès le début…et devoir du coup écourter la séance. Aussi, nous ferons la photo la plus aquatique en dernier, vers la zone d’entrée après s’être réchauffés au soleil.
Une nouvelle fois, nous rentrons enchantés par cette cavité « hors sentiers battus » qui mérite le détour. (avec néoprène et météo nickel ça va de soit)
Samedi 20 juin : Baume de Gonvillars
Pour cette ultime sortie , nous nous retrouvons au parking de la Baume à 9h00.
Jean Luc Kammerer sera une nouvelle fois des nôtres pour nous accompagner.
L’objectif est d’aller faire une séance photo au-delà des voûtes mouillantes, là-même où ils s’étaient arrêtés la dernière fois.
On ne traîne pas d’autant plus que Philippe et Annie ont décidé de rentrer sur Montpellier le soir même.
Là aussi, les niveaux sont bien bas. Pas besoin de hausser la voix dans la rivière.
Les voûtes mouillantes passent nickel.
De l’autre côté, on a l’impression d’entrer dans une nouvelle cavité « »C’est Beau, c’est Grand » » et ça se prête à merveille à des compos.
Pour ma part, je voudrais bien tenter de mettre en image les dessins léopards plafonnants peu avant le siphon. Philippe renonce car on a de l’eau jusqu’à la taille et c’est risqué pour son appareil photo. En me décalant à gauche, je réalise que la photo peut très bien se faire en mode portrait. Ici pas de banquettes pour poser les flashs.
Jean Luc tient le godox en contre-jour derrière Annie. Sur mon côté droit, Philippe tient le snoot et éclaire en même temps les dessins par en dessous.
Dès la première image, je suis bluffé par le rendu. Je peaufine par principe pour ne rien regretter devant l’ordi.
C’est pas fréquent que je sois satisfait du rendu mais là, c’est le cas.
Les spots ne manquent pas. A quatre, on est efficace pour régler au mieux les éclairages et les photos s’enchaînent à bon rythme.
Au retour, on croise un ou deux caloptéryx venus s’échouer au bord de l’eau et un poisson chat en mauvaise posture.
A la sortie, on rencontre Romain qui accompagne 5 jeunes pour une visite d’initiation.
Et sur le parking, Jean Luc Géral arrive avec trois autres spéléos pour se mettre au frais. Y a du monde à Gonvillars !
Conclusion
Outre la multitude de superbes spots photos, cette semaine nous a permis de rencontrer 3 spéléos passionnés au milieu de leurs jardins respectifs : Christian à la BAC, Roger au Coudrier et notre Jean-Luc national à Gonvillars.
La météo était vraiment Tip Top, sans l’ombre d’un orage qui aurait bien compromis nos sorties aquatiques. Malgré quelques courbatures et autres petits soucis de sexagénaires, le programme a pu être bouclé complètement.
A la prochaine, on espère ….. !
Les photos choisies avec le nom de leurs auteurs ICI
Et voici le lien du site internet de Philippe Crochet (avec une sélection de leur séjour franc-comtois) :https://www.philippe-crochet.com/nouveautes/details/433/speleo-doubs-juin-2022
Guy
Merci pour ce beau CR et c’est images toujours aussi palpitantes !
Superbe CR et photos magnifiques ! Bravo Guy et à tous !