« Mémoires d’esclaves volontaires »

« Mémoires d’esclaves volontaires »

Le 4 juillet 2020, une séance de désobstruction a été programmée au Gouffre sous les Crêtes à Déservillers.

L’invitation lancée sur la liste du club a mobilisé 6 personnes dont Christophe Berna, Didier Doury, Sarah Bouveret, Thomas Richer, Dominique Watala et Alain Bulle. Sans oublier Christophe Raguin qui avait, la semaine avant, si bien préparé le chantier afin de faciliter le passage au haut du dernier puits.

C’est donc par une belle journée ensoleillée de début juillet que s’est déroulée cette matinée de travail dans le respect des gestes barrières. Dom, en raison de son diabète est resté le plus éloigné en surface. Sarah et Thomas, les petits nouveaux du club, ont souhaité découvrir cette activité particulière qu’Alain a présenté comme « un bagne des temps modernes ». Sarah s’est prêtée au jeu du compte-rendu suivant.

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La France, un jour d’avril 1848, a décrété l’abolition de l’esclavage. Le samedi 4 juillet 2020 celui-ci, si longtemps oublié, a été remis au jour. Je vous conte son récit. 

En tant que novices du club nous nous prêtons volontiers à toutes les expériences que propose le club.

C’est donc heureux, que Thomas Richer et moi-même, débarquons comme convenu sur le parking des Biefs à 9h30 pour notre première désobstruction. Un peu perdu au milieu des champs, la vision de petits bonhommes rouges s’agitant dans la brousse nous mis la puce à l’oreille.

Nous faisons connaissance d’Alain, Dom, Didier et de Christophe B. autour d’un café et d’un croissant fort appréciable. « Je pense que la notion de nourrir les esclaves est nécessaire afin de tenir le coup ».

L’heure est venue de se mettre au boulot ! Didier, guidé par son instinct insatiable de creuser, s’engage dans le gouffre. Après quelques explications, Alain descend pour nous accueillir. Tout le monde est à sa place et solidement assuré pour éviter un malencontreux effet de domino. Le schéma est le suivant : 1- Didier : tout au fond. 2- Christophe B : en milieu du dernier puits. 3- Alain : en tête de ce puits. 4- Thomas : au ressaut intermédiaire. 5- Sarah : au ressaut supérieur pour crocher les sceaux au treuil. 6- Dom : aux commandes du treuil pour étendre le demi m3 qui sera retiré.

« Bienvenue à la Peuge ! »

Les seaux arrivent rapidement à la chaîne, le système fonctionne. Les deux récipients du treuil tournent à plein régime et au bout d’une heure l’inévitable panne de chauffe survient. Une petite accumulation des gravats au bas de l’échelle s’en suit pour éviter une perte de temps. Une fois le treuil changé et après quelques remaniements des troupes, le travail repris de plus belle. Après celle du treuil, la surchauffe nous guette ! C’est d’abord les muscles, mais surtout les poumons, qui se croient en ascension au beau milieu des alpages.

Tel un écho se répétant au gré des ressauts, nous demandons régulièrement à la taupe du fond combien de seaux avant la fin. « 15 » nous dit-il, le nez dans la terre. 30 minutes plus tard, l’écho était le même ! 45 aurait été le chiffre le plus juste. Mais « 3 X15 » passe mieux pour le moral des troupes. 

C’est après 2h30 d’un effort acharné, que les 6 bagnards de l’an 2020 reviennent respectivement de l’ombre à la lumière. Les poumons revivent, les muscles se relâchent et les participants bien méritants festoient autour d’un barbecue que le neveu d’Alain dit « le jeune domestique » avait en charge de préparer. « Jusqu’à lors inexploité, mon talent de décapsuleuse de bières fût révélé au monde. Christophe nous quitte après l’apéritif, place à un long repas et de bonnes tranches de rigolades, le ton est donné… après-midi, détente. Plus tard, nous avons admiré l’entrée de la Baume des Crêtes avec son magnifique pendage : « du bonheur en plaques ! ».

De retour au camp, Didier nous quitte. Thomas et moi descendons avec Alain au fin fond de la taupinière pour une visite guidée. Du beau boulot ! Et nous sommes bien heureux d’y avoir participé. A notre surprise, car déjà visible en surface, Alain nous montre la coulée concretionnée qu’ils ont suivi jusqu’au fond, ce qui laisse rêveur… La Terre et ses sous-sols n’ont pas fini de nous surprendre, et nous, de les admirer. 

Malgré les vieilles douleurs réveillées du lendemain et grâce à notre douce folie, nous reviendrons !

Sarah

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– La prochaine séance est programmée au samedi 25 juillet à 9h30. Le but sera d’évacuer le reste des petits blocs qui seront cassés au marteau-piqueur. Nous espérons retrouver le courant d’air qui sera à mesurer pour la première fois avec l’appareil de Christophe.

2 réflexions sur « « Mémoires d’esclaves volontaires » »

  1. Guy DECREUSE

    Un vrai plaisir de te lire Sarah. Ne manque que le chant rythmé des asservis pour que les seaux remontent plus vites !!

    Répondre
    1. Sarah

      Merci !
      A tes mots, une idée me vient,
      Je vais contacter quelques amis chamane…
      « Une transe au rythme des tambours, voilà ce qu’il nous faut ! »

      Répondre

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