Les Biefs Boussets.

Photo Philippe Crochet et Annie Guiraud.

Cet été, J-Lou nous proposa de nous emmener au Biefs Boussets pour un petit entrainement. La sortie ne put se faire plus tôt car Thomas R, avide de rencontre improbable, avait organisé un tête à tête aux conséquences fortuites entre un chevreuil et sa voiture. Malheureusement, les deux n’ont pas survécus.

C’est donc après un rachat de voiture, que nous organisons ce 3 octobre cet entrainement tant attendu. L’info est partagée par mail aux membres du club et J-lou prévient que si la Perte en amont des Biefs n’absorbe pas bien, nous irons plutôt à la Baume des crêtes,  ce qui me vaut quelques frayeurs  nocturne… Je pris donc les devants, et pria le ciel un peu de clémence. «  On avait dit entrainement, pas endurcissement. »

Au petit matin, Thomas R passe me prendre. Salutations d’usage et question fatidique. «  Bien dormi ? » C’est ainsi que 5h de sommeil  chacun nous font un total de 10h, plus que raisonnable ! Je me rends vite compte des idées en commun de mes deux compagnons du jour  « Après un P33 à Pourpevelle, on se laisse vite à penser qu’un P40 plein pot ne me ferait pas peur » Drôle d’idée ^^’ ! Arrivée au gite à 9h30, on rejoint J-lou au local qui, en homme organisé, a déjà minutieusement préparé le matériel nécessaire pour les deux trous. Tous deux ravis de le revoir, nous discutons pendant notre préparation et ma remise à bonne longueur de longes avant de décoller pour Déservillers Comme vous l’avez compris, cette sortie se fera à trois.

Arrivés au parking des Biefs, nous allons directement voir le niveau de la Perte amont, l’eau s’écoule très bien et rien n’en ressort. Le verdict tombe : La Baume attendra ! Ce qui rime pour moi avec « Hallelujah » ! Quelques dizaines de minutes plus tard nous revoilà  à l entrée des Biefs bien équipés et chargés d’un kit chacun. Cela va sans dire, J-lou part devant pour équiper la vire d’approche et le premier puits de 12m en nous disant qu’au retour on s’essayera au déséquipement. J’attends mon tour bien longée avec Thomas à mes trousses. Très rapidement une voix montante me dit « Libre » et « Tu devrais déjà être prête » ce qui est juste. Je me hâte donc avec prudence d’installer mon descendeur et je commence à descendre avec la technique dite : « Bouveret ». C’est alors que cette même voix des profondeurs revient en me disant : « Sans les genoux » « Penche-toi » « Tend les jambes » « Laisse filer la corde » « Tu devrais déjà être en bas » !

Certes un peu militaire, mais très efficace et très clair pour une novice en quête d’assurance et de fluidité dans ces descentes contre parois. Tout ces conseils sont nécessaires, car je me rends vite compte que tout devient plus simple en les appliquant. Cette fois je peux enfin comprendre et même tenter un mini saut en fin de puits. Thomas qui a tendu l’oreille, nous rejoint rapidement. Nous nous laissons aller à la contemplation du porche majestueusement déchiré par les eaux millénaires au dessus de nos têtes. Tel un œil ouvert sur les ténèbres, ce lit de cascade asséchée est ouvert sur le ciel. Les nuages gris nous regardent nous enfoncer dans l’obscurité d’une galerie étroite.

Un méandre décoré de milliers de petites coupoles d’érosions nous accueille. Son parcours étroit et sinueux nous mène rapidement à quelques petits ressauts arrosés, agrémentés d’un petit ramping. Des minis descentes très appréciables où Thomas et moi prenons plaisir à prendre un peu de vitesse avec et sans frein pour tester nos descendeurs. Nous passons le dernier ressaut par un autre passage, une petite escalade « avec mon aisance légendaire »  J-Lou nous guide et sort les muscles pour nous éviter la chute. Nous voilà vite récompensés par la vision d’un plissement de terrain improbable ! Ici, au pied d’une petite cascade de 4m, les strates de calcaires forment un véritable  rouleau de pierre scindé en deux, comme si une vague avait été jadis pétrifiée. Des strates rondes, bien marquées, qui témoignent de l’histoire géologique de la région, « magnifique » !

Nous arrivons ensuite au P10., Deux passages s’offrent  à nous,  J-lou opte pour l’équipement hors crue, ce qui inclut un fractio un peu aérien, rien de tel pour entrainer des bleus et nous éviter la douche froide !  Nous descendons chacun notre tour sur cette coulée glissante, l’inspecteur veille, guide de loin pieds et mains dans cette belle verticale. Il s’en suit deux petits ressauts et le lit de rivière  immaculée laisse vite place à la salle de décantation où bon nombre d’ossements domestiques centenaires en tous genres, viennent se déposer dans la glaise.  Nous passons une perte et c’est la pause ! Une belle petite salle à manger bien au sec nous ouvre les bras. Le sujet incontournable pour ce repas sera évidement : La traversée du Verneau ! Grand sujet, qui fait vite rêver des explorateurs passionnés du sous-sol ! « C’est quand l’été prochain ? »

Une fois repus, nous voilà engagés dans un dédale d’étroitures qui je dois le dire, m’amuse un peu. L’amusement laissant  place au coup de flippe, quand J-lou nous incite tout deux à le suivre dans un petit méandre suspendu qu’il faut passer en opposition. Une première pour nous !  Thomas R connait bien l’expression de mon visage, et prévient l’homme de tête. Celui-ci me tend sa grande longe et nous voila longés ensemble. « Ce qui inclus quelque part, une certaine confiance de sa part » En tout cas, cela fonctionne, je suis rassurée et nous allons jusqu’au début du grand méandre histoire d’avoir un avant gout pour l’été prochain. Le Verneau, ça se mérite !  Thomas a le petit coup de stress aussi mais le gère comme un chef et passe cet obstacle tout seul. C’est devant de magnifiques gours, formant un petit défilé de cascades que notre chemin s’arrête pour aujourd’hui.

Le retour dans le méandre suspendu se passe avec plus d’aisance et c’est à l’approche du P10 que des sons gutturaux se font entendre. Oubliant vite l’option du rhinocéros laineux, nous comprenons  qu’il s’agit d’humains criant à tue-tête de laisser les cordes en place. C’est une équipe vosgienne de 7 spéléologues de sortie pour les JNS qui nous  attendent et nous accueillent en tête de puits, un vrai hall de gare, une aubaine ! J-lou, en bon camarade, oublie la leçon de déséquipement et leur laisse volontiers les kits. Contents de cette rencontre, les groupes reprennent leurs sens de progression respectifs. En m’amusant dans les ressauts suivant, je me rends compte de la majestueuse vue plongeante qu’elle offre sur nos compagnons en train de descendre.

La suite se fera sans encombre et avec un certain entrain, je profite de mon aisance retrouvée pour savourer chaque instant. La lumière du jour commence à percer la noirceur des Biefs, nous apprécions ce spectacle grandiose du porche qui s’ouvre à nouveau au ciel, imposante et immuable merveille. On me laisse gentiment la place pour grimper le P12 en tête, et c’est allongée dans un lit de roche que j’attends mes compères. Les arbres au dessus du vide, se tordent au gré des vents impétueux qui nous attendent un peu plus haut. Cette vision est magique, de purs instants de bonheur partagés qu’offre la spéléologie.

Sortie de mes rêveries, on regagne la voiture pour se mettre au sec. Et vite chassés par les vents, on regagne le gîte pour rendre le matériel, d’une propreté inhabituelle ! C’est ainsi que la journée se termine, on aide J-lou pour rincer une corde neuve de 200m, ce qui nous vos de précieux conseils et quelques échauffements musculaires. Une chasse aux noix et noisettes plus tard, le gîte retrouve sa tranquillité et nous, nos domiciles respectifs.

Bilan : 4 genoux colorés, 2 courbaturés légers et une très bonne journée !

Toutes les photos de cette sortie   ICI

Merci

Sarah

2 réflexions sur « Les Biefs Boussets. »

  1. Christophe RAGUIN

    A ce rythme effréné de sortie, je pense que Sarah et Thomas seront bientôt prêts pour une descente de la Sarrazine

    Répondre
    1. Sarah

      Heu.. Je préfère me taper la belle louise deux fois d’affilé avec des pédales trop courtes… « Enfin, je crois.. ^^’ ! »
      Mais je regarderai volontiers Thomas descendre ce magnifique porche ^^ !

      Répondre

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