Cela fait pas mal d’années que je partage des séances d’escalade avec Jean-Marc (mais aussi des barbecues, des bières et autres moments de convivialité). Je connais aussi sa passion pour
la spéléologie et comme l’environnement souterrain me fascine, il m’avait toujours promis de m’emmener sous terre pour découvrir ce dont la nature est capable. Je connais sa créativité sur les falaises, mais son action est ici très majoritairement « soustractive » (érosion de l’eau et du vent, gel, etc.). Sous terre, elle ajoute à sa palette des actions « additives » et cela permet des créations encore plus magiques. Bref, je voulais découvrir cette facette inconnue et pour le moment inaccessible.
Cette découverte se confrontait pourtant à un obstacle : ma tendance à la claustrophobie… Je n’étais pas sûr de ne pas me transformer en boulet si les passages devenaient trop étroits ou si je ressentais trop l’enfermement. Néanmoins, ma curiosité semblait plus forte encore et rendez-vous est donc pris pour le premier week-end d’avril… 2020 ! Un obstacle « imprévu » a mis en pause nos projets : COViD oblige, rien de tout ça n’a pu se dérouler, mais ce n’était que partie remise.
Nous voilà donc fin prêt en ce samedi matin : nous nous retrouvons au gîte de Montrond pour retrouver le reste du groupe qui nous accompagnera aujourd’hui (Jean-Lou et Didier) et récupérer du matériel. Il est 9h30 et le temps est beau et malgré les orages des derniers jours, les conditions sont bonnes d’après les fins connaisseurs du coin.
Direction les Biefs Boussets… Arrivés au parking, nous nous équipons et pendant que Jean-Lou et Didier vérifient mon équipement et m’expliquent des détails, Jean-Marc nous devance pour commencer à installer le premier rappel. Je découvre l’entrée de la grotte quelques minutes plus tard. Premier rappel sans encombre : évidemment, mon expérience de l’escalade et des rappels va m’aider tout au long de la journée. Je sais que je n’aurais pas d’appréhension du vide et je retrouve quelques automatismes communs entre les deux disciplines. Néanmoins, le matériel n’est pas le même et les façons de procéder quand même bien différentes. Je reste donc très attentif aux consignes et conseils des « sachants ».
Nous avançons bien, au rythme des rappels et des ressauts. Je découvre toutes les subtilités de la progression en spéléo et je retrouve des réflexes de grimpeur sur les passages en opposition (même si les bottes humides ne se comportent pas du tout comme des chaussons d’escalade !). Je suis comblé par tout ce que je vois, à la fois la délicatesse des concrétions et la force des éléments qui sculptent la roche.
Une fois arrivé à la chambre de décantation, je découvre d’autres sensations, avec plus d’espace et de volume. Nous nous arrêtons pour déjeuner, à la bien nommée « salle à manger », où nous laissons nos kits maintenant vides. Jusque-là, tout va bien pour moi : je ne ressens pas de sentiment d’enfermement et profite à plein de l’expérience. Mais tout va changer : l’étroiture qui suit va avoir raison de ma motivation. Je parviens à me dominer néanmoins, bien aidé par la présence rassurante du groupe expérimenté qui me distille juste les bonnes paroles aux bons moments, pour que je parvienne à passer cette difficulté. Une fois de l’autre côté, ça va un peu mieux, mais je ne suis quand même pas aussi détendu. Il est de toute façon temps de remonter : cela reste une sortie d’initiation quand même !
Le retour se déroulera sans encombre ; même le passage du laminoir me semblera moins difficile psychologiquement qu’à l’aller (le sentiment de l’avoir déjà fait sans doute). Je découvre d’autres merveilles, le point de vue changeant. Ayant même le plaisir d’être le premier sur de brefs moments, je peux vraiment scruter la caverne à la lumière de ma frontale. Aucun problème pour la remontée sur corde : là aussi, je suis en terrain presque connu, ayant déjà manipulé Jümar et bloqueur. La sortie est également grandiose dans le puits éclairé maintenant par le soleil, avec sa végétation luxuriante d’un vert éclatant, diffusant des odeurs extraordinaires.
Je tire plusieurs enseignements de cette expérience géniale :
je suis bien claustrophobe !
j’arrive à me dominer si la difficulté est courte et que je suis bien entouré ;
le monde souterrain est rempli de magie et de merveilles que seule la nature sait construire et ça vaut le coup de surmonter sa phobie pour les découvrir.
La conclusion est donc que je retournerai sans aucun doute sous terre, tout en connaissant mes limites pour évidemment conserver une sensation de plaisir. Un immense merci à Jean-Marc pour m’avoir partagé sa passion, ainsi qu’à mes deux accompagnateurs du jour, Didier et Jean-Lou, pour leur expertise et leur bienveillance.
Toutes les photos ici
Mathieu
Merci pour ce partage d’émotions lors de cette belle sortie découverte !
Sarah
Très content que ça t ai plu ,et bravo pour le compte rendu
Amicalement
j lou