La belle descente de l’ascension : le gouffre de la voie aux Vaches 

L’histoire se passe par un merveilleux jeudi ensoleillé, digne du mois de juin à venir…
Thomas, quelques jours plus tôt, avait imaginé cette sortie dans le réseau des Essarlottes .
Malheureusement , le sort en décida autrement pour lui, obligé de remettre sa voiture en état après une sortie de route la veille ( tentative de d’exploration d’une doline en voiture?).
Je rejoins donc au point de RDV à Gevresin une équipe composée de :
– Jean-Lou ( mon formateur officiel , une main de velours dans un gant de fer, à l’inverse du
dicton)
– l’incontournable Christophe
– Sa fille Emilie, crapahuteuse méritante
– et Micka, membre du GSD et néanmoins fort sympathique
Tandis que nous nous préparons à la descente (chacun se demandant si par ce temps, une randonnée ne serait pas plus agréable …) , nous avons la surprise d’ être rejoints par un groupe de spéléos touristes, venus du nord de l’Angleterre. Une discussion s’amorce alors, pour savoir qui d’eux ou de nous descend en premier, et quelle est la meilleure voie d’accès à la galerie Jackpot. En définitive , nous choisissons le voie aux vaches, tandis que eux passeront par l’entrée numéro 1.
Nous trouvons cette voie déjà toute équipée, avec de la grosse corde certes difficile à faire
coulisser dans le descendeur mais tout de même bien pratique : pas de corvée d’équipement et déséquipement aujourd’hui !
Une petite porte au fond d’une doline s’ouvre sur une série de puits , entrecoupées de
quelques méandres plus ou moins étroits et sinueux, juste ce qu’il me faut pour réviser ma technique. Nous rencontrons aussi une portion quelque peu instable, maintenue par des étais et du grillage, et il nous faut faire bien attention à ne pas prendre appui sur certains rochers qui menacent de s’ébouler dans cette zone.
Après une série de ramping avec pour seul horizon les semelles des bottes de Jean
Lou…OOOhh surprise ! Nous débouchons dans la vaste salle Victor, cavité impressionnante, grande comme un hall de gare. 

C’est tout un autre univers qui s’ouvre à nous ici. L’endroit est tout indiqué pour le pique nique, et la faim commence à se faire sentir….

Le repas est l’occasion de discuter de la suite de l’expédition , topo en main : allons nous du côté de l’aval, où il reste potentiellement une cheminée non explorée d’après Micka, ou bien au contraire poursuivons nous vers l’amont, par la très belle galerie Jackpot ? Christophe et Jean Lou nous expliquent aussi le long travail de désobstruction qui a été nécessaire pour mettre à jour cette cavité, et je complète un peu mon répertoire de spéléo ( qu’est ce qu’un réseau fossile/actif? Qu’est ce qu’un collecteur ?).
Le ventre bien rempli, nous décidons finalement de faire un bout de chemin vers l’amont, quitte à revenir voir l’aval sur le retour….
La suite est un véritable régal, paysages magnifiques, vasques d’eau claire, et un vrai terrain de jeu pour crapahuteurs.
Cerise sur le gâteau, il suffit de se baisser pour ramasser des fossiles d’ammonites noirs et lustrés , de vrais petits bijoux.
Il faut que je m’arrache à cette contemplation pour suivre le reste de l’équipe qui progresse déjà plus loin… Christophe nous fait remarquer qu’il faudrait revenir ici faire quelques photos !

Sur notre chemin nous découvrons un phénomème éphémère et fragile.  De la mousse se forme sur l’eau à l’aval d’un mini cascade, mais ce qui est superbe, c’est la forme que prend cette mousse sur le petit bassin à l’aval de la cascade.
Le phénomène est tellement fragile qu’il aura suffit d’une goutte d’eau pour tout disperser

Nous arrivons bientôt au bout de cette expédition, arrêtés par une mare de boue, juste avant
le siphon qui ferme l’amont.

Il s’écoule ici à grand fracas une rivière souterraine sortie d’on ne sait où. Une question se pose ici : mais que sont donc devenus les anglais, que nous étions censés croiser le long de cette galerie ?
Nous rebroussons chemin , mais alors que Jean Lou et Micka sont déjà loin devant, Emilie se retrouve les bottes scotchées dans la boue, faisant ventouse ! Je lui lance une corde pour l’aider à s’extraire et repense en riant à une scène mythique du film « la chèvre », dans les sables mouvants :
CAMPANA:-qu’est ce qui vous arrive encore ?
PERRIN :- je ne sais pas je m’enfonce.
CAMPANA:-vous allez arrêter de faire le pitre quand je vous parle ?


Mais tout finit bien et nous rejoignons vite le peloton de tête.
Nous apercevons sur le parcours retour l’abouchement de la voie d’entrée numero 1 (et toujours pas
d’anglais).
De retour dans la grande salle Victor, nous croisons enfin 2 anglais esseulés et qui ont
vainement cherché leur chemin vers l’aval. Heureusement, Emilie maîtrise bien l’anglais et Micka leur donne en cadeau ( oh thank you, it’s a gift ?) la topo de la cavité qu’ils n’ont pas (engagés jusque là sans la carte????). Nous n’en avons plus besoin car nous remontons, un peu pressés par le temps. La remontée se fait sans encombre et, donc ,sans déséquiper.
Comme chaque fois il est bon tout de même de retrouver la lumière du jour, et nous partageons dans la bonne humeur un petit café et quelques bières.

    

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Micka met à notre disposition une invention de son cru, ma foi fort utile et ingénieuse :
un jérrican équipé d’une petite pompe, elle même alimentée par une pile . Le tout avec du savon, cela fait une fontaine idéale pour retrouver des mains propres avant de prendre le volant !

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Nous voici à nouveau tout frais, et nous nous lançons du coup dans quelques débats hautement philosophiques, voire métaphysiques :

– peut on considérer comme une bonne action écologique de ramener un serpent trouvé au fond d’une grotte dans une bouteille (ou une capuche !!! ). Quel serait le point de vue de la bestiole si elle pouvait s’exprimer ?

-était il judicieux de laisser la topo de la grotte à un groupe d’anglais ayant potentiellement
voté en faveur du Brexit ?

-Dans une course au départ arrêté, lequel d’un photon ou d’un neutrino, gagnerait à la fin et
cela remet il en question la théorie d’Einstein ?

Mais encore et surtout cette dernière :
-prenez par exemple un gars bien sympathique, bon… ajoutez à cela qu’il est inventif ,
prévenant, agréable compagnon de route… bien…maintenant ajoutez encore qu’il est du GSD : cela remet il en cause les qualités précédentes ?


Sur celle ci nous sommes un peu secs, et aurons sans doute d’autres occasions de
débattre…
C’est sans aucun regret pour la randonnée perdue ce jour là que je repars chez moi, décidément enchantée par ces sorties spéléo. Celle ci fait partie de mon très modeste best of !

D’autres photos ici 

Céline.

4 réflexions sur « La belle descente de l’ascension : le gouffre de la voie aux Vaches  »

  1. Guy DECREUSE

    Quel bel enthousiasme se dégage de ces lignes. Avec Céline comme porte parole, voilà qui donne encore plus envie d’aller découvrir ce qui se passe …. «  »sous le plancher…des vaches » » Ha ha ha Meuh !

    Répondre
  2. Thollon Martine

    Super compte rendu, avec beaucoup d’humour, continue, ça m’arrange en plus, comme ça je ne taperai plus ceux de Jean-lou !!

    Signée, la femme de ton formateur perso

    Répondre

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