
J’ai décidé de casser la tirelire quelque peu, et d’investir dans du matos perso pour l’équipement de cavité. Eh oui, nous habitons quand même à presque 1h de Montrond, ce qui complique le timing quelque peu. Et qui plus est, les cavités proches de chez nous, dans le Haut Doubs, sont nombreuses, et devoir passer au préalable au local et y retourner ensuite ne fait que compliquer la logistique, évidemment.

Bref, cette fois c’est Mélanie qui initie le choix de la cavité, car son papa, lui a partagé plusieurs fois ses souvenir de gamin, dans lesquels il racontait être allé dans le trou du Creux serré… « sans rien hein,
juste avec une corde à nœuds et nos lampes de poche, tu sais, celles qui « clairent » rien là avec la grosse pile plate dedans »
Bref, c’est tout autrement équipés que nous voici aux abords du chemin cahoteux qui mène à un autre chemin encore plus cahoteux… et on laisse la voiture en bord de forêt, au sommet d’une longue colline qui domine à la fois Chamesol, mais donne une vue magnifique sur Villars-les-Blamont et la région dominant les plaines de Montbéliard, Belfort et l’Alsace qui s’en suit.

Armés de notre topoguide comme fidèle compagnons, nous voici à la recherche de la « doline en contre-bas de laquelle s’ouvre le gouffre ». Il est 11h30, cette fois on est bien question timing.
A chaque sortie son sketch vous allez dire, mais bon, je fais 20 mètres, et hop, je trouve une magnifique doline, bien profonde, en tête de laquelle 2 magnifiques foyards nous accueillent en mode, « posez vos AN ici »… 15 à 20m plus bas, un amas de roche le long d’une sorte de fracture rocheuse, un trou noir… pour moi, c’est clair, c’est là !

Quelques nœuds plus loin, et l’immense banane au visage de jouer avec mes propres cordes orange fluo si souples en 9mm, me voici en train de descendre en poignée longée jusqu’au bas de la doline…
Stupeur, le trou noir et colmaté par des tas de feuilles mortes sur plus de 50cm d’épaisseurs, dans lesquelles s’enchevêtrent des bois morts, et des pierres moyennes à grosses…Je commence à faire de la place, et après 5 grosses minutes de nettoyage, il apparait que 2 grosses caillasses refusent de bouger dignement, et retombent de là où elles viennent systématiquement. Je m’acharne pendant 5 minutes supplémentaires, et dégoulinant de sueur, je me tourne vers Mél lui demandant si elle ne voit pas quelque chose de plus évident dans les parages, parce que plus je creuse, moins ça ressemble à une entrée de grotte !

Elle est bien plus efficace que moi, et après quelques instants, j’entends « piailler » : « c’est ici l’trou ! » Arff… c’est ballot hein ? Allez, faux départ, on remballe tout et on se déplace de 80mètres plus loin, dans la pente de cette colline, et là, pas de doute ! Le gouffre a une immense gueule bien béante ! Rien à voir !
Les arbres sont marqués des derniers amarrages qu’ils ont supportés. On les garnit de nos sangles, et c’est re-parti mon kiki ! une fois le plan incliné descendu en laissant gentiment glisser la poignée, me voici à chercher ce qui pour moi est mon premier équipement sur spits ! et là, c’est moins facile que les broches, car déjà, on les vois peu, mais en plus, le doute s’installe car il y en a partout, dont une bonne partie qui semblent en piteux état. Après un peu de réflexion, la logique semble s’imposer, et j’équipe une main courante tendue (souvenirs des conseils de Jean-Lou à la Belle Louise, merci) qui me permet d’arriver sur une descente bien verticale enfin de margelle rocheuse, sans friction de corde.

Par chance, les plaquettes se vissent tout seul dans les inserts, donc rien à bricoler de ce côté. Quelques minutes après, nous voici à la base du P11, où une forte odeur de produit chimique, type pétrole ou autre plastique brulé plane… peu rassurant. La base du puits donne d’un côté sur une zone en cours de désob, et de l’autre sur la poursuite de la cavité. L’odeur de plastique est bien plus forte du côté désob, et j’imagine qu’au vu des fils électrique encore fraichement tendus au beau-milieu du passage, et des nombreux sacs blancs remplis entassés ça et là, que des tirs récents ont dû avoir lieu. On continue donc notre visite par le chemin normal, et arrivons après la descente d’un court ébouli dans une grande salle. Il faut franchir un pont de pierre fait d’une voûte naturelle.
Un puit étroit descend sous cette arche, mais nous préférons pour l’instant nous concentrer sur la visite décrite dans le topoguide. Nous traversons donc, et arrivons dans une salle encore plus grande, remplie de coulées de calcite et de stalagmites. Les piliers formés, couvert de calcite, sont magnifiques.
A la base de la salle, la pente nous mène vers un goulet plutôt étroit, avec quelques ressauts formés par des blocs enchevêtrés là. Ceci débouche sur une nouvelle galerie en diaclase, et nous voici au pied d’un ressaut à escalader d’environ 2,50 m de hauteur… rien de bien compliqué, mais le sol est glissant comme tout. Je franchis l’obstacle avec prudence, et pose une corde à Mél qui reste toujours plus prudente ! La magnifique corde « à couper » de Jean-Lou, récupérée lors d’un récent exercice dans la grange et prise dans le kit « au cas où » nous aura été bien utile pour ce passage

Nous voici au pied de ce que la topo nomme « une courte escalade exposée »… Tu m’étonnes ! On s’était dit qu’on verrait sur place, et bien heureusement pour nous, il y a bien un équipement en fixe ! Et qui plus est, l’équipement est sain, corde nickel, amarrage également, c’est top ! Je me pends dedans pour vérifier que tout est correctement installer 8m plus haut. Mais franchement, je ne m’imagine pas un instant tenter l’escalade sans cette corde en fixe ! Ouf, nous sommes chanceux que tout soit ainsi présent.

Hop, bloqueurs installés, et me voici en haut de cette belle petite verticale. LA sortie est un peu rock n’roll quand même, car le sol est vraiment glissant et tout en dévers, et il faut un peu jouer les acrobates pour s’extirper jusque sur le côté et poser les 2 pieds hors du vide. Mel me suit, et nous voici dans une entrée de galerie aux dimensions plus modestes, mais remplies de coulées de calcites, formant des boules et des coulées bien lisses sur les parois. Ayant grimpé de quelques mètres il faut se faufiler dans une première étroiture, en montée, au milieu de gros blocs rocheux, sans doute issus de la chute de l’ancien plafond de voute. Ca passe assez facilement tout de même. Le haut est un peu moins facile à lire quant à$ la progressions, et on s’y reprend à 2 ou 3 fois, à tour de rôle, à faire le tour de toute cette petite salle dont le sol est fait de gros blocs plus ou moins stables
et où il faut rester prudent pour ses chevilles ! Ca glisse, le plafond est bas. Il semble toutefois qu’un espace étroit dans le sol vers le fond de la salle soit la suite de la progression. J’y descends prudemment. C’est bon, mes pieds trouvent une suite facilement. Et ce ne fut pas pour rien ! Je pense que c’est vraiment là tout le cadeau de cette visite de gouffre ! Une première partie de la salle est garnie de stalagmites au milieu desquelles il faut se faufiler. On a l’impressions d’être des géants au milieu d’une cavité miniature.

La zone plus humide qui suit recèle des gours et flaques complètement inertes, entourés de colonnettes et concrétions verticales diverses est tout bonnement splendide ! La couleur est claire, la calcite immaculée. Woouah ! On est émerveillés de cette beauté qui semble bien plus préservée que la partie précédente de la visite, certainement du fait de cette escalade qui préserve des visiteurs peu respectueux et trop nombreux du passé…

Quelques enjambées plus loin, la calcite a raison des volumes nécessaires à notre progressions, et la cavité queute. C’est finalement court, mais vraiment beau ! On ne doit pas être bien loin de la surface a priori, juste quelques mètres en dessous, car nous sommes presque autant montés que descendus dans cette exploration. Le chemin du retour est simple, juste un peu flippant de se laisser glisser pour redescendre cette verticale de 8m bien glissante. Les contorsions pour remonter l’étroiture sont également bien sympathiques, mais ce n’est qu’un très court passage de moins d’1m, donc facilement faisable, même pour un « pas-souple » comme moi.
Il est un peu moins de 15h30 lorsque nous ressortons, tout s’est super bien passé, et on n’est même pas sales…enfin, « presque » même pas sale, ce qui veut dire qu’on est propre en se voyant à l’instant t, mais que finalement tout est quand même bien blanchi par les passages des étroitures

Une jolie petite cavité, bien à l’abri de tout risque aquatique, à découvrir pour les celles et ceux qui sont un peu plus loin que nous du site où elle se trouve.

Et une immense satisfaction personnelle à cette nouvelle petite étape de sortie de cavité dite simple, mais dont l’équipement est plus rudimentaire que les précédentes. Il est encore assez tôt pour filer rendre visite à Guy qui est présent aux journées de la nature sur le site de Consolation ! Zou, vivement la prochaine Nico & Mél. Les photos de la sortie ICI