Cette classique de la spéléo locale possède une légende. On trouve sur internet pas mal de versions différentes.
Dans sa monographie « Le plateau de Montrond autrefois » , Hérvé Perton nous en propose une synthèse :
« »Comme sur tous les plateaux karstiques, le sol est éventré de nombreuses cavités souterraines. Autrefois considérés comme des vestibules de l’enfer par l’imagination populaire, ces abîmes entretinrent pendant des siècles des craintes les plus diverses. Le diable semblait régner sur ce monde des ténèbres que parfois les humains osaient timidement affronter. Le puits de la Belle Louise, non loin de la grotte des Cavottes à Montrond-le-Château, est situé à
une centaine de mètres en contrebas des ruines de la forteresse féodale. À l’époque de la légende, Montrond est le chef-lieu de la seigneurie du même nom. Le gouffre fut désigné ainsi en raison d’un tragique événement devenu légende.
Il existe plusieurs versions de cette histoire, tant orales qu’écrites et qui se rejoignent plus ou moins. voici une synthèse de cette histoire probablement inspirée d’un fait réel : Au temps où le majestueux château dominait le village, une jeune bergère appelée Louise, fiancée à un pauvre métayer qui la cherchait en mariage depuis longtemps,
consentit, non sans désintéressement, à une autre union avec le riche seigneur local alors que son fiancé était retenu prisonnier dans une contrée lointaine.
Après quelques temps, les noces eurent lieu en l’église de Villers sous- Montrond et furent suivies d’un banquet où rien ne manquait.
La Belle Louise était venue baronne mais en vain. Vers minuit, la jeune mariée se dirigea vers la chambre nuptiale mais un bras vigoureux l’emmena au dehors sur un coursier rapide. Le diable en personne emportait la Belle Louise dans son sinistre royaume des ténèbres et la précipita dans les profondeurs de l’abîme pour la punir de son parjure.
C’était au cœur de l’hiver, la neige recouvrait le sol ; les traces de pas restèrent imprimées dans le sol et servirent à diriger les recherches le lendemain matin. Le seigneur et ses gens arrivèrent devant le gouffre d’où émanait une forte odeur de mort.
(précision : selon les différentes versions, on aurait trouvé au bord du précipice, « une pantoufle abandonnée », « des débris de parure qui avait orné son cou », « quelques lambeaux de la robe de mariée qui étaient encore accrochés aux épines qui bordaient l’abîme » ou dans le gouffre « sa cervelle » !).
Puis, pour constater la mort de la malheureuse, plusieurs villageois courageux descendirent dans le gouffre à l’aide de cordes et rencontrèrent son cadavre gisant sur un banc de roches en saillie (précision : le puits d’entrée affiche une verticale de 46 mètres).
Pour témoigner de leur macabre découverte, ils coupèrent le doigt qui portait encore l’anneau du mariage. Ainsi fut nommé le puits de la Belle Louise.
La date de cette histoire nous est inconnue mais au vu des éléments contenus dans le récit, on peut supposer qu’elle a eu lieu (si elle a vraiment eu lieu) à la fi n du Bas Moyen Âge (XVe siècle) voire même peut-être postérieurement (XVIe ou XVIIe siècle).
Rappelons au passage que la Belle Louise ne fut pas la seule victime du puits d’entrée (fatal en cas de chute), mais que deux spéléologues y trouvèrent la mort en 1973 et 1983″ »
Avec Daniel, nous profitons de cette période sèche pour aller y faire une séance photos.
Daniel y était déjà allé début mai avec Jean Lou et Céline, donc il connait.
La belle C100 en 10 mm toute neuve qui pend au local matos va enfin pouvoir servir.
Au niveau de la partie basse du puits d’entrée, la roche est superbe. La lucarne et les parois cannelées sont du plus bel effet : nous faisons plusieurs essais d’angles de vue différents et il y a une image qui sort vraiment du lot.
Je découvre sur mon écran l’apparence d’une aile de papillon ! En fait, l’eau dégringole de 60 mètres de haut, ricoche sur un palier et se fracasse contre cette paroi de façon diagonale…. et c’est ce qui explique le graphisme.
On poursuit avec le laminoir surcreusé. Quelques flaques résiduelles sont exploitées pour tenter d’ajouter un reflet sur les photos.
Et voilà le clou de notre séance « le puits des cannelures ». Comme pour le Brizon, je l’équipe en double de façon à augmenter le nombre d’angles de vue.
Le timing est bon, on poursuit donc avec les salles de décantations. Ici l’ambiance est complètement différente : austère à souhait, pas du tout facile à mettre dans la boîte. On se concentre sur les plafond dont les parois présentent de belles formes d’érosion.
Nous n’irons pas jusqu’au bestiaire modelé en fond de cavité que Daniel connait mais je lui ferai découvrir la salle Fourquet.
En hautes eaux, il semble qu’elle se remplisse en bonne partie. Renseignements pris, il existe bel et bien une autre salle derrière la salle Fourquet. Son entrée s’ouvre et se referme en fonction des crues et des coulées de terre.
Retour vers la laisse Fournier, là où Eugène butta lors de son exploration débutée en janvier 1899. Il fallait déjà être sacrément courageux pour venir jusque là avec le matériel de l’époque. Chapeau bas professeur !!
L’eau de cette laisse ne semble pas très profonde mais elle est bien croupie, donc pas évident non plus de sortir une image sympa. Par contre, le profil de galerie qui la sépare des salles rend bien en images.
Chargés comme des mulets, nous voici au pied du grand puits.
Dans le tronçon supérieur de ce P46, Daniel pousse devant lui le Godox tandis que je tente quelques images depuis le fractio et ça paye : une photo montre bien l’ambiance plutôt impressionnante de cette verticale.
Encore une SUPER journée en duo sous terre avec une carte mémoire prometteuse.
Une sélection de photos ICI
Guy
BRAVO !
Belle moisson, je pense que vous venez de mettre en valeur un « nouveau spot photo » incontournable…
Décidément le sous sol du Doubs est particulièrement photogénique et il est, de plus en plus souvent, mis en valeur par de talentueux photographe locaux et internationaux.
La Belle Louise est en concurrence avec la Vieille folle (c’était avant me too !) et chacune présente de très beaux dessous :).
Pas de spéléothèmes dans ces cavités mais de superbes traces du passage de l’eau qui sont toutes aussi belles.
Un challenge reste à relever avec la mise en image de ces puits avec l’eau qui coule… Pas évident !
Les photos sont superbes
Et celle réalisée dans la lucarne mériterait une publication nationale !
Quel talent !
Merci de la part de Daniel et moi !