Archives mensuelles : juillet 2025

Sortie Trou des curés – Orchamps Vennes (08 juin 2025)

Il me trottait en tête depuis un long moment d’arriver à emmener notre petite famille, c’est-à-dire Mél ainsi que les 3 filles Axelle, Lilou et Manon (14, 14 et 13 ans).

Le choix s’est porté sur une cavité proche de chez nous, et après échange avec Mathieu (D.), on a choisi le trou des curés. Sur le papier, ça parait technique mais faisable…La cavité est située à environ 5km après Orchamps Vennes, direction Gilley. Ça a été un vrai chantier de préparer l’équipement pour les filles, car oui, on a réussi à dégoter l’équipement complet pour tout le monde pour cette sortie ! Quel plaisir d’être autonomes en famille ! On avait un gros doute pour pouvoir trouver le lieu de parking, mais au final les coordonnées données dans le topoguide sont nickel, une petite place en cailloux/terre/boue/gadoue, sur la gauche de la route entre Orchamp Vennes et Gilley, en pleine forêt, là où aucun réseau téléphonique ne règne 

Une fois changés, on remonte le chemin direction le petit vallon sur la gauche, direction la pâture et la colline bien proéminente sur la gauche abrite, derrière les arbres en son sommet, la crête où se loge l’entrée d’accès. Attention, ça grimpe « tout » droit dans un talus bien raide fait de feuilles mortes et branches cassées. Ne pas trop se couvrir car ça chauffe dure à la grimpette.

C’est les cuisses bien lactiques qu’on parvient les 5 devant l’entrée, assez atypique ! Elle ressemble à un gros morceau de gruyère, plein de petits trous percent la roche, et une immense ouverture cylindrique faisant un virage vers la droite nous invite à y pénétrer. C’est original aussi, le petit tunnel débouche sur un vaste puit, et en pleine lumière car une autre immense ouverture vers la surface nous fait face.

Ceci a pour avantage d’y voir bien clair, mais comme immense inconvénient de créer un fort courant d’air. Malgré la saison, le temps de l’équipement fait vite chuter la surchauffe corporelle liée à l’approche.  D’autant que les spits nombreux me laissent douter du bon chemin à emprunter. Au final on passera par la gauche pour ce P14. Ceci me permet de pouvoir rester à califourchon sur la roche au-dessus du vide, et m’assurer que les filles font leurs manips correctement. Mél est passée la première et assure aussi depuis le bas la descente des enfants. Moment de frémissement quand même à chaque fois que l’une des filles part plein gaz et se laisse couler peu à peu, mais au final leur concentration et leur dextérité rendront l’exercice simple et assez rapide. Installation de la corde sur le descendeur, demi-clé et clé complète, gestion des longes…

ça fait plein de trucs à rentrer en peu de temps (on avait quand même bossé les manips sur les arbres dans le grand talus à l’entrée de la grotte), mais elles ont géré à merveille.. Bravo les filles !

Une fois au pied du P14, on est, une fois de plus, pas trop en avance sur notre timing. On jette un œil sur le grand éboulis à gauche, mais plus intrigué par la suite de la cavité, nous choisissons de délaisser cette partie, et de poursuivre tout droit. Une jolie salle/galerie encore bien lumineuse à la roche grise-blanche nous abrite le temps d’une collation rapide et nous avançons ensuite vers le ressaut sur la gauche. Il est assez glissant, mais les marches permettent toutefois facilement de monter sans aucun équipement. Une petite étroiture nous laisse accéder dans une salle en pente, ornée d’un énorme pilier central de dimension imposante ! Attention, le sol est bien glissant, et c’est globalement le ton de la suite de la visite. Une couche d’argile plus ou moins épaisse recouvre le sol, et la roche calcaire est ainsi convertie en merveilleuse patinoire à tendance collante.

Au fond de cette salle, globalement en face et un peu à gauche, une petite ouverture dans le sol marque le début d’un boyau marneux, le long de la paroi. Bien indiqué sur la topo, (désob.72), on sait que ça va être un passage étroit. Je passe en premier, et effectivement, le kit passe tout juste devant, et rapidement le mode reptation est activé… Au vu de la pente bien prononcée, je descends les pieds devant. Après 5 à 6m et des traces de désob bien visible, on pénètre dans une petite salle, ou les concrétions sont nombreuses. Stalagmites et colonnes se marient aux fistuleuses. La hauteur sous plafond est faible et les dimensions à cet endroit assez faibles, je fais donc patienter les 2 derniers du peloton le temps d’avoir équipé

une MC pour descendre ce qui figure sous le nom de Toboggan sur la topo. Un joli slalom inter formations calcitique commence sur 20 à 30m, en se faufilant à gauche, à droite, descendeur en main. Pas évident de voir comment gérer les amarrages, je reste vigilant. On arrive en suite sur une plateforme qui semble flotter au milieu de trous qui partent dans toutes les directions.

Devant, un laminoir, en dessous, un puit étroit au milieu de blocs résiduels de l’érosion rocheuse… et sous la roche d’arrivée, un conduit qui semble plus grand… et la présence de boue me fait me douter que le chemin de la suite se trouve par là. On reste prudents, car un faux pas à cet endroit peut être très compliqué vu les profondeurs des cavités que l’on surplombe ! D’ailleurs, parmi les « boulettes », j’ai une fois de plus fait tomber mon « BASIC », qui par bonheur s’est arrêté contre une stalagmite plutôt que de dévaler au fonde je ne sais où !

La poursuite sous le toboggan est intégralement recouverte d’argile grise, c’est officiel, on va être cracra ! Il faut enchainer les AN (sur sangle dyneema) et avoir lecture d’un ou 2 amarrages forés, ouf, j’avais un peu de cordelette Dyneema ! On trouve un spit ou 2 par-ci par-là, et la descente s’effectue relativement bien. Attention au frottement de corde, si on y veille on descend naturellement sur la bonne ligne de progression. Un peu plus bas Les coulées de calcites blanchissent franchement les parois par zones,, et sous les draperies et petites concrétions qui ornent toute la cavité, laissant l’impression, vu depuis le bas, qu’il a neigé. Bien sûr tout au long de la descente, on s’assure que la troupe gère correctement les manips et quelques hésitations et 3 heures environ après être entrés sous terre, nous voici au fond de la cavité ! 

Ça queute sur un bouchon de calcite et une belle flaque de boue argileuse (merci Manon qui y laissera sa botte après avoir voulu « voir si c’est profond » !) C’est magnifique, la calcite est friable, et son mélange avec l’argile la rend par endroit pâteuse ; on fait attention de ne pas trop endommager avec notre passage.

Place à l’installation des pantins… youpi, avec les pieds dans la glaise et les gants pourris d’argile, c’est tellement pratique. Mais le timing se faisant pressant, on s’active et nous voici prêts à attaquer. Explications des manips,  Croll, poignée, pantin, et me voici prêt à monter jusqu’au premier point. Ainsi longé, je peux assister chacune des demoiselles pour leur premier dé-crollage, opération pas si facile au début ! Au final, nos choupettes gèrent à merveille, et seule Manon aura besoin d’un coup de pouce pour cette opération. Mél part devant avec les filles, et je déséquipe… Les cordes sont lisses et complètement engluées de glaise, finie la belle couleur orange des Push ! ;( Les bloqueurs peinent à se refermer… Et le poids des 2 kits lestés de glaise se fait bien ressentir dans la remontée du P14.

Il est 20h30 lorsque je sors de la grotte… Vite on prévient notre « ange-gardien » que tout le monde est bien sorti…Le SMS passe, mais pas assez de réseau pour appeler le restaurant qu’on avait booké…c’est foutu pour ce coup-ci ! Attention en tout cas pour vos échappées au trou des curés, le réseau téléphonique sur place est vraiment faible, donc anticipez les choses pour ne pas avoir besoin du téléphone sur place. Au total, temps sous terre de 6h pour moi, un peu plus de 5h pour nos filles (un peu plus de temps du fait de l’équipement). Une sortie avec beaucoup de petite manip, une cavité vraiment sympa, dont la fragilité apparente augmente avec la profondeur à laquelle on descend.

Une énorme séance de nettoyage et des étoiles plein les yeux en repensant à cette première en autonomie en famille 

Nico & Mél (et leurs filles)