Archives mensuelles : juin 2019

Ballade karstique en Haut Jura

Voyant que l’heure de la retraite ne va pas tarder à sonner, je ressens comme une envie irrépressible d’en avoir un avant goût  …   une virée photo, voilà ce qu’il me faut !
Franck n’est malheureusement pas dispo… tant pis, j’irai seul.

Le département du Jura regorge de sites karstiques dignes d’intérêt.
Je commence par la grotte des Sarrazins, vers Longchaumois. Sur Basekarst, ils parlent d’un beau phénomène illustrant bien les plissements jurassiens… Hum ! Elle se situerait à côté d’un ancien cimetière de Pestiférés … Ah !
Le descriptif est éloquent : Il s’agit en fait plus d’un abri sous roche que d’une véritable grotte mais le porche fait quand même environ 30 m de large, 2,5 de haut pour 10 à 12 m de profondeur. Elle est creusée par gélifraction sous une strate dans une zone de flexure très marquée où l’anticlinal de Longchaumois retombe sur la vallée de la Bienne.

Un bon sentier bien indiqué y conduit (1,4 km). Un seul mot me vient à l’esprit en arrivant sur place « Surprenant ». Cela ne ressemble à rien d’autre que je connaisse.
Voilà un beau challenge photo … pas si simple de trouver les bons angles de vue qui donneront une bonne idée de l’ensemble. L’objectif 9-18mm me sera bien utile.
Heureusement, l’appareil est équipé d’un intervallomètre : Je programme des séries de déclenchements à intervalles prédéfinis. Cela me permet d’aller donner les échelles sans être obligé de courir ! Pour ce genre d’endroit, c’est important d’avoir ce repère de grandeur pour se faire une idée juste de l’ampleur du site. Je n’avais qu’une hantise, c’est que le soleil s’en mêle et que je crame tous les contre-jours … il pleut et je suis à l’abri…que demander de mieux !

Seconde étape : j’irais bien du côté de Lamoura pour aller voir à quoi ressemble la grotte du Célary également pointée sur les cartes IGN.
Là aussi, il faut marcher un bon quart d’heure pour y parvenir.
L’entrée de la grotte se situe en falaise et on descend une soixantaine de marches pour y accéder. Devant l’entrée, je me demande comment elle a été repérée car c’est impossible de la deviner depuis le bas du banc rocheux. Ce n’est qu’en pénétrant à l’intérieur que j’ai l’explication : Au fond de la cavité, un puits rejoint le plateau et c’est par là que les spéléos sont descendus la première fois !).
Si cette grotte s’était trouvée en Loue-Lison, il y aurait eu peu de chance pour qu’elle soit aménagée de la sorte. Avec leurs milliers d’hectares de forêts, les communes de ce secteur sont riches. Pour que les locations liées au ski restent garnies à la saison chaude, les collectivités font des efforts pour que les séjours soient agréables.

Sur le chemin du retour, je fais une halte photographique du côté de Saint Laurent en Grandvaux.
Sur la commune proche des Chauvins, j’avais déjà cherché un lapiaz présenté comme un des plus beaux du massif jurassien mais les photos ne correspondaient pas avec ce que Franck et moi avions trouvé.
Cette fois-ci, j’ai apporté une carte vu du ciel bien utile car les zones rocheuses sont en plein champ. Je fais le tour de tous les « tas de cailloux » du coin et au bout d’une demi- heure, c’est bon : une magnifique dalle inclinée se présente devant moi. Les rigoles creusées par les ruissellements sont effectivement exceptionnelles. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages et j’en profite pour mettre en évidence les creusements de la roche.
Je rentre enchanté de mon périple solitaire. Il ne me restait qu’à vous le faire partager avec ces quelques lignes. Peut-être cela vous donnera t-il envie d’aller les découvrir ?

Les plus belles images ainsi que les localisations des sites visités   ICI

La belle descente de l’ascension : le gouffre de la voie aux Vaches 

L’histoire se passe par un merveilleux jeudi ensoleillé, digne du mois de juin à venir…
Thomas, quelques jours plus tôt, avait imaginé cette sortie dans le réseau des Essarlottes .
Malheureusement , le sort en décida autrement pour lui, obligé de remettre sa voiture en état après une sortie de route la veille ( tentative de d’exploration d’une doline en voiture?).
Je rejoins donc au point de RDV à Gevresin une équipe composée de :
– Jean-Lou ( mon formateur officiel , une main de velours dans un gant de fer, à l’inverse du
dicton)
– l’incontournable Christophe
– Sa fille Emilie, crapahuteuse méritante
– et Micka, membre du GSD et néanmoins fort sympathique
Tandis que nous nous préparons à la descente (chacun se demandant si par ce temps, une randonnée ne serait pas plus agréable …) , nous avons la surprise d’ être rejoints par un groupe de spéléos touristes, venus du nord de l’Angleterre. Une discussion s’amorce alors, pour savoir qui d’eux ou de nous descend en premier, et quelle est la meilleure voie d’accès à la galerie Jackpot. En définitive , nous choisissons le voie aux vaches, tandis que eux passeront par l’entrée numéro 1.
Nous trouvons cette voie déjà toute équipée, avec de la grosse corde certes difficile à faire
coulisser dans le descendeur mais tout de même bien pratique : pas de corvée d’équipement et déséquipement aujourd’hui !
Une petite porte au fond d’une doline s’ouvre sur une série de puits , entrecoupées de
quelques méandres plus ou moins étroits et sinueux, juste ce qu’il me faut pour réviser ma technique. Nous rencontrons aussi une portion quelque peu instable, maintenue par des étais et du grillage, et il nous faut faire bien attention à ne pas prendre appui sur certains rochers qui menacent de s’ébouler dans cette zone.
Après une série de ramping avec pour seul horizon les semelles des bottes de Jean
Lou…OOOhh surprise ! Nous débouchons dans la vaste salle Victor, cavité impressionnante, grande comme un hall de gare. 

C’est tout un autre univers qui s’ouvre à nous ici. L’endroit est tout indiqué pour le pique nique, et la faim commence à se faire sentir….

Le repas est l’occasion de discuter de la suite de l’expédition , topo en main : allons nous du côté de l’aval, où il reste potentiellement une cheminée non explorée d’après Micka, ou bien au contraire poursuivons nous vers l’amont, par la très belle galerie Jackpot ? Christophe et Jean Lou nous expliquent aussi le long travail de désobstruction qui a été nécessaire pour mettre à jour cette cavité, et je complète un peu mon répertoire de spéléo ( qu’est ce qu’un réseau fossile/actif? Qu’est ce qu’un collecteur ?).
Le ventre bien rempli, nous décidons finalement de faire un bout de chemin vers l’amont, quitte à revenir voir l’aval sur le retour….
La suite est un véritable régal, paysages magnifiques, vasques d’eau claire, et un vrai terrain de jeu pour crapahuteurs.
Cerise sur le gâteau, il suffit de se baisser pour ramasser des fossiles d’ammonites noirs et lustrés , de vrais petits bijoux.
Il faut que je m’arrache à cette contemplation pour suivre le reste de l’équipe qui progresse déjà plus loin… Christophe nous fait remarquer qu’il faudrait revenir ici faire quelques photos !

Sur notre chemin nous découvrons un phénomème éphémère et fragile.  De la mousse se forme sur l’eau à l’aval d’un mini cascade, mais ce qui est superbe, c’est la forme que prend cette mousse sur le petit bassin à l’aval de la cascade.
Le phénomène est tellement fragile qu’il aura suffit d’une goutte d’eau pour tout disperser

Nous arrivons bientôt au bout de cette expédition, arrêtés par une mare de boue, juste avant
le siphon qui ferme l’amont.

Il s’écoule ici à grand fracas une rivière souterraine sortie d’on ne sait où. Une question se pose ici : mais que sont donc devenus les anglais, que nous étions censés croiser le long de cette galerie ?
Nous rebroussons chemin , mais alors que Jean Lou et Micka sont déjà loin devant, Emilie se retrouve les bottes scotchées dans la boue, faisant ventouse ! Je lui lance une corde pour l’aider à s’extraire et repense en riant à une scène mythique du film « la chèvre », dans les sables mouvants :
CAMPANA:-qu’est ce qui vous arrive encore ?
PERRIN :- je ne sais pas je m’enfonce.
CAMPANA:-vous allez arrêter de faire le pitre quand je vous parle ?


Mais tout finit bien et nous rejoignons vite le peloton de tête.
Nous apercevons sur le parcours retour l’abouchement de la voie d’entrée numero 1 (et toujours pas
d’anglais).
De retour dans la grande salle Victor, nous croisons enfin 2 anglais esseulés et qui ont
vainement cherché leur chemin vers l’aval. Heureusement, Emilie maîtrise bien l’anglais et Micka leur donne en cadeau ( oh thank you, it’s a gift ?) la topo de la cavité qu’ils n’ont pas (engagés jusque là sans la carte????). Nous n’en avons plus besoin car nous remontons, un peu pressés par le temps. La remontée se fait sans encombre et, donc ,sans déséquiper.
Comme chaque fois il est bon tout de même de retrouver la lumière du jour, et nous partageons dans la bonne humeur un petit café et quelques bières.

    

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Micka met à notre disposition une invention de son cru, ma foi fort utile et ingénieuse :
un jérrican équipé d’une petite pompe, elle même alimentée par une pile . Le tout avec du savon, cela fait une fontaine idéale pour retrouver des mains propres avant de prendre le volant !

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Nous voici à nouveau tout frais, et nous nous lançons du coup dans quelques débats hautement philosophiques, voire métaphysiques :

– peut on considérer comme une bonne action écologique de ramener un serpent trouvé au fond d’une grotte dans une bouteille (ou une capuche !!! ). Quel serait le point de vue de la bestiole si elle pouvait s’exprimer ?

-était il judicieux de laisser la topo de la grotte à un groupe d’anglais ayant potentiellement
voté en faveur du Brexit ?

-Dans une course au départ arrêté, lequel d’un photon ou d’un neutrino, gagnerait à la fin et
cela remet il en question la théorie d’Einstein ?

Mais encore et surtout cette dernière :
-prenez par exemple un gars bien sympathique, bon… ajoutez à cela qu’il est inventif ,
prévenant, agréable compagnon de route… bien…maintenant ajoutez encore qu’il est du GSD : cela remet il en cause les qualités précédentes ?


Sur celle ci nous sommes un peu secs, et aurons sans doute d’autres occasions de
débattre…
C’est sans aucun regret pour la randonnée perdue ce jour là que je repars chez moi, décidément enchantée par ces sorties spéléo. Celle ci fait partie de mon très modeste best of !

D’autres photos ici 

Céline.

Les flashs crépitent au Cul de Vau

Gérard suggère une sortie photo en ce samedi 01 juin ; Ca lui plairait bien qu’il y ait de l’eau … alors pourquoi pas le Cul de Vau.
Le GCPM y était il n’y a pas si longtemps pour une sortie initiation et rien que dans les 500 premiers mètres j’avais repéré pas mal de spots aquatiques.
Si on ne prend pas de photos, cette galerie dite « du Grand Lac » peut sembler monotone mais en y regardant de plus près, c’est un beau profil de canyon souterrain pratiquement droit.

De plus, l’eau est claire (…ce qui n’a pas toujours été le cas)

Je gonfle un bateau dès le début de ce très long bassin et on charge le matos dedans.

On poursuit jusqu’au premier gour crevé et on commence la séance en rebroussant chemin.
Je monte dans l’embarcation pour créer une ambiance « navigation insolite » et là, un bruit de sifflement se fait entendre !

 

Aie, aie !! ça commence bien. … temps pis, on se passera de cet accessoire pour cette fois.

 

Les gours crevés portent bien leur nom. On peut passer aisément par l’éventration à la forme carrée. Sur la photo ci-contre on remarque des peintures rupestres « récentes » en haut à droite !!

On ne peut pas dire qu’on se facilite la tâche avec ces conditions plus qu’humides. Les 4 flashs contre-jour sont fixés sur des trépieds et installés à fleur d’eau, dirigés à l’horizontal pour limiter les zones cramées)

Gérard est aux commandes de l’appareil hybride. Il a avec lui une lampe torche pour faire la netteté et un flash équipé d’un snoot. Cet accessoire est une sorte de tube qui se fixe devant le flash : il crée un faisceau de lumière très étroitement focalisé grâce à une grille « nid d’abeille ».

Il permet de cibler l’échelle humaine tout en conservant les zones sombres autour.

De mon côté, j’essaie comme je peux de mettre en scène une impression de photo d’action. C’est quand même plus facile avec les flashs car on évite les problèmes de bouger. De plus, Gérard n’a pas besoin de trépied et il peut moduler les compos plus rapidement.

On y reviendra (avec un nouveau bateau !) pour mettre en image la suite.

 

Guy le 02 juin 2019