Compte rendu par Thomas Jounin, Nat Ligier et Mickaël Constant.
C’est en jaspinant avec Nathanaël que nous découvrons notre engouement commun pour cette cavité.
La grotte nord du Creux-Billard m’intriguait déjà quand j’étais un mouflet, et de son coté, Nat n’a jamais eu l’occasion d’aller plus loin que le siphon.
Je l’informe que le tuyau ainsi que tout le matériel de désiphonnage dort dans la grotte depuis des années.
Cela dit, Nat a facilement trouvé les mots pour me convaincre de l’accompagner voir ça de plus près.
Après notre arrivée dans la grotte, grâce à la corde installée cette année (merci Damien !), nous constatons le bon fonctionnement de la vieille pompe à vide.
Reste à trouver un moyen pour boucher le bas du tuyau afin d’amorcer le désiphonnage.
Nat a plus d’un tour dans son sac et descend bricoler un bouchon à l’aide d’une chute de chambre à air maintenue par un collier de serrage. Le tuyau peut être rempli d’eau.
Après avoir bu plusieurs dizaines de litres, le tube est bientôt rassasié, mais soudain un bruit de coup de feu retentit dans le cirque du Creux-Billard. Un son d’écoulement lui fait suite… le bouchon de chambre à air n’a pas tenu.
S’ensuivent alors des essais infructueux à base de colle « haute performance » (qui ne colle pas), de bouchon en PVC et autres bidules superfétatoires.
Puis mon acolyte trouve enfin un système fiable, le désiphonnage est amorçé !
Mais pas question de nous engager dans la suite avec ce temps instable.
Une fenêtre météo favorable se présente pour vendredi, nous irons vider de nouveau le siphon jeudi soir.
Mickaël(GSD) sera des nôtres vendredi ; je lui ai promis de faire une sortie avec lui cette semaine ; je pense qu’il ne sera pas déçu.
Vendredi 11 janvier
(Nat, Thomas (GCPM) et Mickaël (GSD))
Lors du réamorçage du tuyau la veille au soir, nous avons fixé avec Thomas, le rendez-vous du lendemain à 9h30 sur le parking des sources du Lison.
Nous arrivons vers 10h15 sur le parking et Micka, pourtant en retard lui aussi, nous attends déjà !
Nous nous équipons tranquillement à la fraîche (-1°C) et partons pour le Creux-Billard.
Coté météo, après la pluie du début de semaine, la neige a désormais pris le relais.
Aucun dégel de masse et aucune précipitation neigeuse ne sont attendus avant 16h.
Depuis la terrasse tout est normal : pas d’eau à la cascade, ni à la grotte nord et le tuyau de vidange ne pisse plus.
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Thomas montera le premier pour réamorcer le tuyau une dernière fois, par sécurité et par confort, suivi de Micka qui ira relever le niveau d’eau au siphon.
Quant à moi, je reste en bas le temps de l’amorçage, afin de libérer la charge une fois le tuyau rempli.
Le temps passe et lorsque je monte enfin à la corde, il est presque midi. Je constate que les stalactites de glace qui ornent l’escalade de la grotte suintent généreusement… Le dégel est amorcé.
La fonte ne devrait pas causer de gros soucis, mais par prudence, nous décidons de sortir de la grotte avant 15h et de revenir voir le niveau d’eau au siphon au moins une fois durant la sortie.
Nous nous engageons dans le siphon dans lequel ne subsistent que trois petites vasques d’eau à des hauteurs différentes.
Il s’agit d’une galerie basse au sol caillouteux tournant légèrement vers la gauche, et dont le plafond regorge de fossiles et de petites marmites. La dernière vasque passe très bien mais nous laisse le loisir de continuer la sortie les pieds mouillés car le niveau n’était pas encore revenu à son minimum.
Tout de suite après le siphon, la galerie se relève et nous nous trouvons debout face à une cascade de calcite de laquelle descend un ruisselet que j’estime à 1 ou 2 litres par seconde… Pas vraiment rassurant, quand on sait que ça fond un peu dehors.
De notre côté, l’ambiance est à la fête !!!
On a presque l’impression de faire de la première et nous tentons d’imaginer l’impression grandiose des premiers explorateurs de la cavité.
Il ne faut pas traîner si nous voulons avoir le temps de faire deux trois photos jusqu’à la salle des Suisses et nous décidons de nous la faire… à l’envers !
Direction la salle des Suisses où nous retrouvons comme dans les vieilles photos en noir et blanc : le cierge, ainsi que l’énorme œilleton circulaire au-delà duquel, la noirceur du vide laisse présager un volume à la hauteur de notre imagination fertile.
Je m’élance à travers la galerie et arrivé devant le R6 de la salle des Suisses, je pousse un énorme « EEEHOOOOO » auquel l’écho me répond.
Sans perdre de temps, Thomas propose de descendre pour poser des spots dans la salle. Micka se positionne devant le puits tandis que je remonte vers le cierge pour refaire en couleur, le célèbre cliché de Pierre Pétrequin.
Nous réalisons quelques clichés et je redescends au-dessus du ressaut d’où j’aperçois Thomas, courant comme un chevreuil à travers la salle des Suisses pour poser en modèle sur ses photos.
Nous faisons encore quelques photos et nous repartons vite en arrière. Il est déjà 13h30 et il faut aller voir le niveau de la rivière et du siphon.
C’est Thomas qui retourne vers l’entrée pendant que nous réalisons un nouveau cliché avec Micka.Thomas revient nous disant que le siphon est noyé… Taquin… ! Le niveau est simplement remonté d’un ou deux centimètres, en revanche, selon lui, le débit du ruisselet semble avoir augmenté, sans toutefois occasionner de gros risques en l’état.
Nous nous arrêtons à la galerie de la Fanfare. Thomas a une folle envie d’immortaliser à son tour cette jolie conduite forcée, ancien fossile probablement creusé par les eaux du réseau amont.
Tandis que mes camarades remballent leur matériel, je trace dans l’immense salle Contejean et je remonte en direction de la galerie de la Faille, posant ici et là, quelques spots pour éclairer les volumes.
Micka arrive pour éclairer la galerie de la Faille, Thomas se positionne à une trentaine de mètres, sur un gros bloc et je réalise quelques clichés.
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Nous rejoignons enfin la zone du siphon intermédiaire. Rien à signaler du côté du débit…
La partie active est superbe et malgré le manque d’eau, on peut sentir l’ambiance aquatique des périodes actives. On se trouve rapidement dans un joli canyon souterrain rejoignant la salle Renauld, puis le S1. Dans cette zone, le niveau d’eau peut monter de deux mètres en forte crue avant de rejoindre la sortie et se jeter dans le Creux-Billard.
Encore une ou deux photos, le siphon passe toujours bien et le niveau est remonté de 5cm en une heure.
Nous rejoignons tranquillement la sortie pour un casse-croûte bien mérité.
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Nous ne regrettons pas d’avoir fait cette sortie en catimini car le lendemain soir (samedi), la pluie a lessivé la neige et Thomas constatera dimanche que la Grotte Nord coule à nouveau…
Nous pensons avoir géré sérieusement le risque pour cette première sortie. Néanmoins, cette expérience en conditions « hivernales » montre que dans le Creux-Billard, c’est un peu quitte ou double…
En effet, si en condition de faible fonte, le débit procuré par le petit bassin marneux situé juste à l’aplomb, semble laisser un peu de temps pour appréhender le remplissage du siphon, il semble évident qu’une mise en charge en provenance de la Termitière pourrait réduire à néant les chances de rejoindre la sortie sans plongée.
L’exploration du Creux-Billard reste donc à réserver pour des périodes stables.
En attendant, il y a du travail de rééquipement pour éviter les frottements, du travail pour remettre la pompe en état, ainsi qu’un remplacement du fil d’Ariane à prévoir dans le siphon, celui-ci étant cassé.
Nous envisageons de ré-ouvrir le siphon dès que possible afin que chacun puisse en profiter… dans de bien meilleures conditions !
(CR de la préparation par Thomas, CR du 11 janvier par Nathanaël, Mise en images de la topo par Mickaël)